Le taux de chômage officiel en Algérie serait d’environ 9%, selon le Premier ministre. Le programme de création de 3 000 000 d’emplois pour la période 2010-2014 a été réalisé à plus de 80%, appuie pour sa part le ministre du Travail. Est-ce le miracle algérien ?
Quel crédit donner à un tel taux confronté à la réalité ?
Le Premier ministre a fait même de la question du chômage l’une de ses priorités. La plupart des interventions des députés au cours des débats autour du plan d’action du gouvernement, ont toutes ou presque été axées sur la question du chômage et les mécanismes de son éradication. A l’issue des travaux et après adoption dudit plan, Abdelmalek Sellal nous annonce un taux de chômage à… 9% ! Pourquoi s’inquiéter alors d’une situation qui n’est pas alarmante. Pourquoi faire du chômage une «question de souveraineté nationale», alors qu’il est juste de 9%, bien meilleur par rapport à celui de plusieurs pays dits développés. Certes, les chiffres sur le chômage font toujours l’objet de «manipulation», mais cette fois-ci les responsables sont allés loin dans leur «propagande». Comment l’Algérie a réussi à faire baisser le taux de chômage à 9% ? Pour le gouvernement, la création d’emplois est ventilée ainsi : 1 249 000 postes d’emploi ont été créés dans le secteur économique à fin juin 2012 et plus de 1 094 000 emplois par le biais des différents mécanismes d’emploi à l’instar de l’insertion professionnelle. Intéressons- nous à ce dernier dispositif qui consiste à créer des postes pêle-mêle, au détriment même de l’équilibre budgétaire de l’Etat et des besoins de l’économie nationale. L’Agence nationale de l’emploi (Anem), une institution publique, facilite la tâche aux jeunes chômeurs dans leur quête de postes d’emploi. Des milliers de jeunes ont été affectés depuis la mise en place de ce dispositif. Mais une fois à l’entreprise, ces jeunes ne travaillent plus et perçoivent un salaire de 15 000 DA, versé par le Trésor public, et ce, grâce à «la générosité» de certains patrons privés. Du «social», dit-on. Certains privés, moins généreux, partagent le salaire avec «l’employé». Les efforts consentis par l’Etat se sont confrontés à la ruse et la malhonnêteté des employeurs, privés notamment, qui tirent profit de ces batteries de mesures «sociales». En l’absence d’un bilan exhaustif évaluant ce dispositif et rendant compte de la réalité du terrain, ces recruteurs en quête de main-d’œuvre gratuite continuent à détourner à leur profit un dispositif qui, à l’origine, était destiné à assister les chômeurs. Ainsi, au moment où l’Algérie est entrée dans une phase de désindustrialisation massive, «les officiels» se targuent de ramener le taux de chômage à 9%. Comment réussir un tel exercice dans un pays totalement rentier, sachant que c’est l’industrie qui génère les postes d’emploi. Puisque, dans le même gouvernement de Sellal, le ministre de l’Industrie, Chérif Rahmani, a confié à un comité d’une trentaine de personnes, dont des économistes de renom et des chefs d’entreprises, la tâche de préparer un plan d’action pour relancer l’industrie nationale, en grave crise. Le ministre a par ailleurs indiqué que le plan d’action du gouvernement dans son volet relatif à la lutte contre le chômage avait mis l’accent sur la relance de certains secteurs économiques, à l’instar de l’industrie, le BTP, l’agriculture et le tourisme pour la création de postes d’emploi économiques. A la lecture des chiffres avancés par le Premier ministre et son membre de l’exécutif, Tayeb Louh, il apparaît qu’il est impératif que les politiques publiques en Algérie se penchent sur la qualité des emplois plutôt que leur quantité. Et aujourd’hui plus que jamais, il est plus que nécessaire de revoir les critères que l’Office national de statistiques (ONS) utilise dans la définition du chômage.
Mehdi Ait Mouloud