Tarek Mameri, un boycotteur devant le juge d’instruction

Tarek Mameri, un boycotteur devant le juge d’instruction

Sur Internet, Tarek Mameri, 23 ans, a exprimé avec verve sa préférence pour le boycott des élections. Son arrestation dans la soirée du mardi 1er mai, à Alger, intrigue car le discours anti-élections sur Internet est très dense et les autorités ont choisi de l’ignorer.  Tarek Mameri devrait être présenté aujourd’hui devant le juge d’instruction.

Les vidéos réalisées par Tarek Mameri faisaient le buzz sur la Toile depuis plusieurs semaines, avant qu’il ne disparaisse brusquement mardi 1er mai à bord d’une « voiture de type Caddy appartenant à la police », selon ses camarades qui ont très vite relayé l’information de son arrestation sur les réseaux sociaux.

Dans ses vidéos amateurs filmées dans les rues de la ville d’Alger, ce jeune chômeur originaire du quartier Belcourt dénonce sans détours l’échec des dirigeants incapables d’enrayer les maux qui rongent la société algérienne depuis trop longtemps. Décrivant une jeunesse en détresse capable de recourir à des actes extrêmes tels que  l’immolation  ou le suicide, il interpelle le président Abdelaziz Bouteflika et les responsables politiques sur leurs décisions qui n’ont eu aucun effet sur les problèmes sociaux des jeunes algériens (travail, éducation, santé, logement, etc.)

Sanctionné pour avoir appelé au boycott ?

Aucune indication officielle n’a été donnée sur les motifs précis de son arrestation. Tarek Mameri est peut-être victime de ses paroles et de ses actes appelant au boycott des élections législatives du 10 mai.  Dans une vidéo publiée sur Youtube le 17 avril 2012, on le voit en effet arracher avec deux autres personnes des panneaux électoraux vides d’affichage installés contre le mur d’un trottoir.

Sur la prise de parole contre les élections, l’avocat Amine Sidhoum, membre du Réseau des avocats algériens pour la défense des droits de l’homme (RADDH) qui a pris le dossier en main rappelle que « l’incitation au boycott des élections du 10 mai ne peut constituer une infraction. Tarek Mameri a le droit d’exprimer ses idées. La constitution algérienne consacre la liberté d’expression ». Les autorités algériennes ne permettent pas aux défenseurs du boycott de s’exprimer dans les médias audiovisuels publics qui sont exclusivement réservés à ceux qui participent.