15 ans après son introduction dans le système scolaire, tamazight demeure facultative et expérimentale.
Alors qu’elle était autrefois bannie de l’enseignement et même de l’utilisation courante dans certaines villes du pays, tamazight est, aujourd’hui, intégrée aussi bien dans le système scolaire qu’universitaire.
C’est là, sans doute, un réel hommage aux intellectuels et militants qui n’ont épargné aucun effort ni sacrifice pour que tamazignt soit enfin enseignée. Le nombre des apprenants durant l’année scolaire 2009/2010 était de 193 226 encadrés par 1 148 enseignants.
La wilaya de Tizi Ouzou vient en tête de liste avec 93 947 élèves et 558 enseignants, suivie de Béjaïa avec 47 162 apprenants et 313 enseignants, Bouira 26 599 apprenants, Batna et Boumerdès. Ces données fournies par le Haut-Commissariat à l’amazighité montrent bien que l’enseignement de tamazight est particulièrement basé dans les régions plutôt berbérophones. «Pour cette année, nous dépasserons les 200 000 apprenants et 1 200 enseignants, parce qu’il y a de nouveaux postes budgétaires notamment à Tizi Ouzou», a déclaré à InfoSoir Mme Bilek, chargée de l’enseignement de tamazight auprès du HCA.
L’augmentation des chiffres ne reflète pourtant pas une évolution totalement positive de l’enseignement de cette langue reconnue nationale en 2002. En effet, sur les 16 wilayas concernées par l’enseignement en 1995, seules 10 wilayas demeurent. Cela dit, l’enseignement s’accentue en Kabylie au détriment des autres régions. «Aujourd’hui, nous sommes réduits, mais c’est relatif. Du côté de la Kabylie, c’est encourageant. C’est facultatif mais les gens sont motivés et s’inscrivent. Chaque année, nous avons un peu plus d’enseignants et donc de postes budgétaires et aussi d’apprenants.
Mais dans d’autres wilayas en revanche, cela a déjà commencé à s’essouffler. Tipaza, Illizi et Ghardaïa, et l’année dernière c’était Biskra. Pour la simple raison qu’il n’y a pas de renouvellement des classes de tamazight», a affirmé la même source. 15 ans après son introduction dans le système scolaire, tamazight demeure encore expérimentale et facultative.
Un statut qui ne semble pas jouer en faveur de son renforcement. Pourtant, une circulaire datant de 2006 stipule qu’une fois inscrit en tamazight, il faut continuer durant le cursus. «Seulement, il y a une ambiguïté dans cette circulaire», a souligné Mme Bilek. «La circulaire aurait dû, estime-t-elle, préciser que l’enseignement est obligatoire dans tous les cycles : primaire, moyen et secondaire.»
Elle affirme sur le même point qu’il est indispensable à un certain moment de s’arrêter et de faire une évaluation. «S’il y a une chose qui ne va pas, il faut y remédier pour rentabiliser toute cette expérience», a estimé Mme Bilek. Elle précisera, en outre, qu’il est important d’associer le ministère dans ces actions.