Le colloque international sur la confection d’un dictionnaire monolingue en Tamazight, ouvert à Bejaia, a fait dimanche la part belle aux problématiques techniques et académiques dans la conduite de ce chantier que d’aucuns considèrent fondateur du projet d’aménagement global de la langue.
Les participants devaient répondre à moult questionnements dont la manière d’opérer les entrées par ordre alphabétique ou par racine de mot, élaborer un corpus explicatif ou traductif, l’adresser aux adultes ou aux enfants, au demeurant à quel public ? quelle étymologie privilégiée ? Quel y sera la place des néologismes, dans quelle graphie (latine, arabe ou Tifinagh) ? Autant d’interrogations pertinentes posées par nombre de participants, qui ont voulu d’emblée, mettre le doigt sur la complexité de l’oeuvre certes mais surtout pour souligner l’intérêt de ne pas hâter le mouvement et de « laisser le temps au temps ».
« On ne démarre pas à partir d’une situation ex nihilo », a relevé le secrétaire général du haut commissariat à l’Amazighité (HCA), Si LHachemi Assad, qui évoque a ce titre tout le travail institutionnel effectué jusque-là, notamment la publication de lexique thématique, ou l’effort accompli, à compte d’auteur, par nombre de chercheurs, qu’il y a lieu d’exploiter et de capitaliser, dira-t-il.
S’agissant de la graphie à utiliser, la question, a-t-il estimé, « n’est pas à l’ordre du jour, d’autant que rien n’empêche l’usage des trois alternatives en même temps », préférant en laisser l’opportunité à la fois au centre national de recherche en langue et culture Amazigh, dont le lancement est prévu en septembre prochain, ou à l’académie éponyme, prévu par la Constitution révisée.
En tout état de cause, l’important, pour ce colloque, est de favoriser l’émergence d’unités de recherche pour lancer rapidement les instruments de réalisation de ce chantier inhérent à la confection du dictionnaire et engager le travail de terrain, jugé aussi urgent que passionnant.
Ses (colloque) recommandations, muries en travail d’ateliers, ont notamment, trait à tout ce qui est en rapport avec l’informatique et les applications à mettre en oeuvre pour la numérisation de la langue ou encore le type de pistes à suivre en terme de recherche conformément à la loi sur l’orientation de la réforme scientifique.
Le colloque auquel ont participé, en plus des experts nationaux, des linguistes et des lexicologues de France, Suisse, Maroc et Canada, a pris l’allure d’un véritable forum d’expertise, qui a permis de faire un état des lieux que d’aucuns jugent « pointu ».
Ouvert samedi par le ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Tahar Hadjar, qui a tenu à mettre en relief son importance et son caractère scientifique, il sera clôturé, après trois jours de travaux demain lundi.