Les eaux acheminées depuis In Salah alimentent enfin les cités de Tamanrasset, suscitant la joie profonde des habitants, ponctuée de youyous dans les quartiers Ech-Choumoue, Tahaggart Cherguia, Tahaggart Gherbia et Tafsit.
Interrogés après la mise en service du mégaprojet de transfert d’eau à partir d’In Salah, les habitants de Tamanrasset avouent qu’ils ont «encore du mal à y croire». Avec cette spontanéité et cette franchise des gens du Grand Sud, ils concèdent volontiers qu’au début, ils avaient assimilé l’annonce du projet à un «mirage du Sahara» ou un «réconfort pour calmer les habitants de la région dont les besoins en eau se sont accrus».
Dans les foyers de Tamanrasset, du moins chez ceux où les robinets «servent enfin à quelque chose», pour reprendre l’expression de Abdelhamid Bouiali, un chauffeur de taxi au caractère facétieux, la joie est à son comble. Au domicile de Hamou Hamou, au cœur de la cité Ech-choumoue (centre de Tamanrasset), lorsque le précieux liquide s’est mis à couler du robinet de sa cuisine, la joie des membres de cette famille était indescriptible.
Emu aux larmes, avouant un «profond soulagement», il fait part de sa «joie immense». Heureux de disposer enfin de l’eau courante, il l’est aussi de pouvoir «consacrer à autre chose» les
6 000 DA qu’il économisait mensuellement, en moyenne, pour l’achat de citernes d’eau. L’arrivée de l’eau potable dans les domiciles, effective depuis samedi en fin de journée, se poursuivait mais de manière progressive en raison de «fuites sur le vieux réseau d’alimentation dont la construction date de 1976, mais qui est devenu vétuste en raison de sa faible sollicitation», affirme Nour-Cherif Reggani, ingénieur d’Etat, cadre au service technique de l’unité locale de l’Algérienne des eaux (ADE) à Tamanrasset.
Il explique que huit brigades d’intervention, dépêchées depuis plusieurs wilayas voisines, sont mobilisées pour réparer les avaries et colmater les fuites, en progressant «cité par cité» afin d’éviter le gaspillage de cette précieuse ressource.
Selon ce responsable, l’opération concernera, dans un premier temps, les quartiers disposant de vieilles conduites, soit 80% de la population de la ville de Tamanrasset. Les cités de la capitale de l’Ahaggar et les quartiers restants seront alimentés aussitôt après la réalisation, attendue prochainement, de leurs réseaux d’alimentation, ajoute M. Reggani. Le Directeur de wilaya de l’hydraulique (DHW), Khier Mohamed, a, de son côté, indiqué que l’étude de requalification, de modernisation et de distribution de l’eau potable dans l’ensemble des cités de la ville de Tamanrasset, a été confiée à deux bureaux d’études, dont un étranger. L’opération, assure-t-il, a été inscrite en 2011 et les travaux débuteront dès le parachèvement des procédures de passation de marché.