Tadjenanet : Une ville doublement commerçante pour les jeunes

Tadjenanet : Une ville doublement commerçante pour les jeunes

tajnante_916238733.jpgLe passage obligé à travers le centre de la petite ville de Tadjenanet, située à quelque 50 km de Sétif, offre au regard un spectacle attractif, qui aiguise la curiosité des visiteurs où des deux rives de la chaussée sont rangés des magasins spécialisés dans la pièce détachée automobile.

Aux abords des commerces abondent des produits luxueux, accrochés sur la toiture ou étalés à même le sol, des accessoires automobiles qui garnissent les lieux comme pour dégager un décor de concurrence sur la même ligne, ostensible aux yeux de la clientèle de la pièce détachée et accessoires de tout genre. Ce sont les pare-chocs, pièces de tôle ou pots d’échappement chromés des véhicules les plus coûteux qui attirent le plus le regard.

Au premier plan, les fournitures des voitures allemandes Mercedès et Golf occupent les devants de la scène à Tadjenanet, une marque qui accentue le décor luxueux. Cependant, même si Tadjenanet offre la pièce d’origine dans toutes ses gammes aux amateurs de la voiture allemande la plus coûteuse sur le marché national de la pièce détachée, au même titre d’ailleurs que la voiture française, la pièce adaptable ou usagée est aussi proposée à des prix concurrentiels.

Généralement, Tadjenanet offre à sa clientèle des réductions qui oscillent entre 10 et 30%, comparativement au marché national. Ce sont les accessoires les plus en vue et les plus prisés qui sont les plus onéreux. Les amateurs de la décoration automobile ont de quoi combler leurs désirs. Reste que le marché offre aux usagers de l’automobile en général un large éventail destiné à toutes les marques en circulation sur le territoire national. Et même les bourses moyennes, les commerçants de Tadjenanet sont à la parade et proposent des alternatives aux plus pressés pour le cas de la pièce adaptable et usagée.

Il s’agit là de la face visible de la ville de Tadjenanet, mais qui traduit incontestablement la réalité du revirement de la vocation d’une ville purement agricole, connue par son marché hebdomadaire et régional, en véritable attraction commerçante. Plus place alors à l’investissement dans cette ville où le travail de la terre n’est qu’un vain mot. Non loin, un autre marché de semi-gros et de détail est érigé ces dernières années en véritable marché national de l’habillement et du cosmétique. Il s’agit du prolongement du marché traditionnel des années 1980 et 1990. De par son ampleur, il finit par accéder au rang de pôle national de commercialisation informelle des produits d’importation et aiguiser par là même l’appétit des plus ambitieux de la revente de vêtements et des cosmétiques des quatre coins du pays, notamment les plus jeunes attirés par les bonnes affaires dans un créneau qui est le leur avant tout mais aussi celui des affaires juteuses qu’il offre. «Nous avons sacrifié les vacances d’été en raison de la rentabilité», diront certains. Pour d’autres, la période des vacances «est propice à l’écoulement des vêtements d’été». Ceux-ci viennent étoffer la population du souk en été dans le noir de la soirée, car ici la marchandise de la journée est déjà exposée la veille, avant même le lever du jour. L’on n’hésite pas à se servir de torche afin d’éclairer le pourtour du carré des produits exposés. Les baisses oscillent entre 20 et 40%, et allant même jusqu’à 50% pour le cas de certains produits.

Les shampooings, les dentifrices et les déodorants se vendent en lots car dans certaines gammes, les produits d’importation affichent des baisses qui dépassent les 50%. Les shampooings affichés dans les commerces à 300 DA sont cédés à 200 DA, même cas pour les déodorants proposés sur dans les vitrines à 150 DA, ils sont écoulés à 80 DA sur la place publique tandis que les savonnettes d’importation qui coûtent 50 DA à titre d’exemple, elles sont livrées en gros à 20 DA la pièce ou encore un peu moins. L’attraction est fort remarquable, au vu de l’engouement sans cesse grandissant de ces dernières, ce qui a incité les pouvoirs publics à entretenir un vaste espace sur plusieurs hectares, le sécuriser et lui conférer presque un statut de marché formel. Une enceinte même a été réalisée par l’APC afin de contenir hebdomadairement les foules compactes venues de l’est, du centre, du sud et de l’ouest du pays. On y vient de partout pour acheter et revendre à des prix très compétitifs, des produits parmi les plus prisés sur le marché.

Tout comme d’ailleurs le marché de Dubaï d’El Eulma, à presque une vingtaine de kilomètres seulement, le marché de Tadjenanet est parvenu à résorber un taux inestimable de chômeurs dans une région purement rurale. Là, les jeunes ne se consacrent plus au travail ancestral de la terre car jugé peu rentable, c’est la formule achat-revente qui intéresse tout le monde à Tadjenanet, essentiellement la catégorie des jeunes et des moins jeunes, ceux en âge de scolarité aussi y trouvent leur compte en période des vacances. Bien avant le lever du jour, le souk est déjà pris d’assaut par des foules compactes, car «les premiers arrivés sont les mieux servis», dit-on.