Tableau de découragement !

Tableau de découragement !

Quand il y a mort d’homme par immolation pour cause de mal-vie ou de quelque forme que ce soit de l’injustice qui sévit dans ce pays, sans que cela ne fasse sourciller qui de droit, ce ne sera sûrement pas un autodafé de diplômes qui risque de changer quoi que ce soit à la donne.

Certes, le geste ne manque pas d’éloquence, mais quant à savoir quelle pourrait être la réponse de ceux à qui il est adressé, on imagine bien qu’ils auraient préféré voir ces étudiants exprimer leur désespoir en avalant carrément leur bulletin de naissance.
Et alors, une fois morts et enterrés, il ne resterait que leurs proches pour les pleurer le temps que l’oubli accomplisse son œuvre comme dans bien de précédents cas de quidams autrement plus dramatiques que ça, et autant en emporte le vent !
La preuve, trois jours sont passés déjà depuis que cette scène a semé l’émoi au sein de la population de Laghouat et pas la moindre réaction n’a été enregistrée, aussi bien de la part des représentants de l’autorité à l’échelle locale qu’au niveau gouvernemental où on aurait dû normalement ressentir l’onde de choc. Ça, c’est nous qui le disons, car, si ces gens-là pouvaient sentir le parquet vaciller sous leurs pieds aux secousses de la base, il n’y aurait pas cette grève nationale qui se passe comme si de rien n’était à leurs yeux de pires aveugles.
Et puis, pour en revenir à la détresse de ces futurs ingénieurs et biologistes, on se demande depuis quand, une fois leurs études achevées, leur sort se retrouve ainsi tributaire de l’Agence nationale de l’emploi.
Si ce n’est pas là une anomalie par rapport à une époque où l’Algérie prenait bon soin de ceux qui étaient fièrement désignés comme les futurs cadres de la nation, alors c’est une complication dans le parcours de l’étudiant, n’ayant ainsi rien à envier à celui du combattant.
Enfin, sans doute sommes-nous en retard d’une quelconque révolution s’étant opérée entre-temps, mais le constat est là, cela n’a jamais été la bonne solution.
Au contraire, il apparaît à l’évidence que la situation ne fait qu’empirer dans le secteur de l’enseignement supérieur comme dans celui de l’éducation, vu que ni le changement de gouvernement ni le départ applaudi de Benbouzid n’ont eu raison des mauvaises habitudes.
Mohamed Raber