Depuis que le monde est monde, depuis la nuit des temps, le débat sur la place de la femme dans la société existe. Même aujourd’hui, en cette première décennie du IIIe millénaire, on en est encore à débattre de ce sujet.
Malgré les avancées qu’a connues l’humanité, la femme reste un sujet quasi tabou suscitant moult débats et réflexions.
Après différents combats, la femme dans le monde a pu arracher certains droits qui, malheureusement, restent minimes face à l’inégalité sociale, professionnelle, voire même artistique.
À ce sujet, une table ronde a été organisée à l’institut Cervantès d’Alger, ce 8 Mars, pour marquer la Journée internationale de la femme. Le thème de cette rencontre est “La femme dans l’art contemporain”. Et pour en parler, qui mieux que des artistes peintres et qui plus est des femmes ? Autour de la table, Djahida Houadef, Marga Riera, deux plasticiennes, la première est Algérienne alors que la seconde est Espagnole.
Il y avait aussi une sociologue, Nawal Bacha. La modération a échu à la conseillère culturelle de l’ambassade d’Espagne à Alger, Cristina Arguelles. Dans son allocution d’ouverture, Mme Arguelles dira que la femme a toujours été présente dans l’art et ce, à travers des peintures : “La femme été représentée par le regard masculin.” Au fil des temps, la vapeur s’est un tantinet renversée, et la femme devint un élément très actif dans le milieu artistique.
Prenant la parole, pour étayer cette problématique, l’artiste peintre Djahida Houadef parlera beaucoup de son expérience personnelle, de son premier contact avec l’art pictural et son attirance pour le dessin et la peinture. “Mon élan s’est traduit à partir de ma première boîte de crayons de couleurs offerte par mon père.
Ce fut pour moi le bon outil au bon moment. Dans cette boîte de crayons de couleurs de multiples images s’accouplaient pour me donner une belle naissance en imaginaire plastique”, confiera-t-elle.
Sa passion pour la peinture remonte à sa plus tendre enfance : “Depuis ma tendre enfance, peut-être même depuis le temps où je commençais à me dissocier de l’unité duelle d’avec ma mère, depuis ce temps-là où je commençais à percevoir petit à petit l’intérieur comme différent de l’extérieur.
” Dans ses propos, l’oratrice développe sa relation avec la peinture. Une belle histoire d’amour qui dure depuis des années. Quant à Marga Riera, artiste peintre espagnole, elle reviendra sur le mouvement féministe espagnol qui a eu une grande part dans l’émancipation et l’ouverture de la femme dans ce pays et en Europe.
Elle parlera entre autres de la succession d’avancées qu’a connues la femme en Espagne, surtout dans le domaine de l’art.
Elle remontera, pour ce faire, jusqu’au XVe siècle qui a vu “l’insertion de la femme dans les arts”, surtout en Italie où elles ont participé à l’émergence de l’art baroque. Au XVIIIe siècle, l’espace professionnel de la femme va se développer grâce à la bourgeoisie qui “favorisera l’apprentissage des arts aux femmes.
Mais c’est le XXe qui permit à la femme de s’exprimer en tant qu’artiste malgré certains obstacles et préjugés qui, avec le temps, et même s’ils persistent, tendent à diminuer”.
Ces prises de paroles étaient ponctuées par la projection des œuvres des deux plasticiennes. Par ailleurs, et afin de trouver les causes de cet état de fait, la sociologue Nawal Bacha affirmera que “pendant des siècles, la femme a enduré l’humiliation sociale et l’esclavagisme de l’homme qui ont fait oublier qu’elle est à l’origine de son existence”.
Et à la question de savoir pourquoi la femme s’oriente vers d’autres métiers que l’art, Mme Bacha dira que cela est dû aux préjugés sociaux et aux mentalités.
Le débat qui suivit tourna autour de la question : existe-t-il un art masculin et un art féminin ?Les intervenantes étaient unanimes à dire qu’au lieu de parler d’art au masculin ou au féminin, il est préférable de parler de sensibilité qui se situe à des degrés différent selon le contexte, le thème.
Amine IDJER