Avec un honorable palmarès et des artistes de haute facture, le cinéma algérien a séduit, par le passé, le continent africain, tout en apportant une touche spécifique qui dénote la richesse historique et culturelle de l’Algérie. Après la décadence du septième art pendant la tragédie nationale dans les années 1990, de jeunes cinéastes, acteurs et hommes de cinéma émergent et proposent une nouvelle vision du grand écran, ancrée dans les us et coutumes de la société, ouverte à d’autres expériences et influences universelles.
Organisée dans le cadre de la septième édition du festival international du cinéma d’Alger, dédié au film engagé, une table ronde s’est tenue, hier à la cinémathèque algérienne, où cinéastes et producteurs se sont rencontrés pour débattre l’émergence du cinéma juvénile. À la croisée des chemins, le septième art en Algérie, après la génération issue de la guerre de Libération nationale qui a fait les beaux jours du cinéma, a vu l’éclosion d’une nouvelle génération à laquelle on doit faire confiance, selon les dires de Karim Traïdia.
«Pour faire un film, il faut trois choses : un espace de liberté, de l’argent et surtout de la confiance. Il faut faire confiance à la créativité, tendre la main aux jeunes et se montrer patient et indulgent afin qu’ils apprennent de leurs erreurs», a plaidé le réalisateur. Pour Abdenour Houchiche, président de l’association Project Heurts, concepteur et organisateur des Journées cinématographiques de Béjaïa, le cinéma algérien est en lui-même le jeune du moment ; il a seulement 50 ans d’existence. Il a par ailleurs mis en exergue le rôle important que les associations doivent jouer pour l’essor du cinéma, sa promotion pour la naissance d’un processus de «consommation de cinéma».
L’interlocuteur a manifesté son optimisme par rapport au rendement de la nouvelle scène du cinéma en Algérie. «Les jeunes d’aujourd’hui maîtrisent à la fois l’outil technique technologique, tout en étant ancré dans les traditions et garants de la culture algérienne. Le cinéma algérien est engagé depuis sa naissance dans le maquis pour dénoncer les affres du colonialisme, ensuite est passé au cinéma de l’édification nationale, forme d’engagement et de rappel de façon artistique des années de la tragédie noire.

À chaque fois qu’un Algérien prend une caméra, c’est un acte d’engagement», a souligné Abdenour Houchiche. D’autres intervenants, comme la réalisatrice, Sabrina Draoui, et la productrice, Amina Haddad, ont abordé différentes thématiques relatives à la promotion du cinéma algérien, comme la production, l’exploitation des salles et le financement des œuvres.
Une initiative qui relance le débat sur l’industrie cinématographique en Algérie qui attend, depuis des années, pour retrouver les années de gloire d’un peuple cinéphile, de l’émergence de figures emblématiques comme Sid Ali Kouiret ou Hadj Abderahmane, et d’œuvres d’anthologie comme Chroniques des années de braise, premier film africain lauréat de la Palme d’or au festival de Cannes.
Kader Bentounès