Tabelbala, ce coin d’Algérie qui ne parle ni Arabe ni Tamazight

Tabelbala, ce coin d’Algérie qui ne parle ni Arabe ni Tamazight

Les oasis qui avoisinent celle de Tabelbala, à l’extrême sud-ouest du pays, comptent parmi leurs habitants, des gens qui pensent encore que les Tabelbalis parlent une langue des Djins. Ces idées reçues, découlent de l’ignorance des liens profonds qui lient notre pays à son continent mère. L’Afrique.

Située à 400 KM au sud de Béchar, Tabelbala est décrite comme «une contrée au milieu du désert de la Numidie », par Al-Hassan ibn Mohammad al-Zayyātī al-Fāsī al-Wazzān, l’explorateur connu également sous le nom de Léon l’Africain.

Cette oasis qui était jadis réputée pour être édénique et luxuriante, malgré qu’elle se trouve au milieu des infinités des grains de sables du Sahara, a vu également se succéder plusieurs peuplements sur ses terres.

En effet, si la tradition orale raconte qu’elle fut fondée par les Lamtuna, des berbères tribaux alliés des Almoravides, l’on sait également qu’elle a vu se succéder mandingues, reguibet, Touaregs, et Chaanbas.

Tabelbala, un vrai carrefour linguistique

Pendant que certains théoriciens de la linguistique soutiennent la théorie de la mono-genèse qui affirme que toutes les langues descendent d’une langue seule et originelle, d’autres sont convaincus de la véracité de la théorie de la poly-genèse, qui affirme le contraire. Entre les deux théories, le parler de Tabelbala brouille les pistes.

Mohamed Tilmatine, auteur d’une étude sociolinguiste sur l’oasis, déclare que Tabelbala est “un carrefour de très nombreuses pistes Chamalières qui ont desservi depuis une époque lointaine, difficile à préciser, le Drâ et le Tafilalet d’une part, d’autre part le Soudan et Tombouctou”.

L’emplacement stratégique de cette Oasis a fait que Tabelbala est devenue le théâtre d’un brassage sociolinguistique, qui a donné un parler particulier, le Koranji, appelé également Kawara’n’dzi en bérbére, ou encore le tablbali, en arabe.

Kawara’n’dzi, veut dire “Langue du Village”. Cette langue qualifiée de particulière, est considérée par les linguistes comme le parler le plus septentrional et le plus isolé de la langue Songhaï. Une langue elle-même fragmentée, parlée dans des régions du Mali,  du Burkina Faso, du Niger, du Nigeria, et du Bénin. Le Songhai est entré à des certains moment de l’histoire, en contact avec le peul, le soninké, le tamasheq, le dogon et la hassaniya.

Outre la richesse apportée par le Koranji, appelée aussi le Tabelbali, à la culture Algérienne, ce parler rappelle surtout que l’Algérie est un pays qui tire ses origines de l’Afrique, et que son histoire et son évolution culturelle et linguistique va de pair avec celles du continent mère.