Syriens Réfugiés en Algérie,Le devoir de solidarité

Syriens Réfugiés en Algérie,Le devoir de solidarité

La fraternité entre les deux peuples repose sur des liens socio-historiques et culturels

Notre reportage intitulé Le calvaire des réfugiés syriens, a suscité un vaste mouvement de solidarité auprès des Algériens. Hier, des dizaines de lecteurs ont contacté notre rédaction pour s’informer sur la manière avec laquelle ils pourraient faire parvenir leur aide à ces familles en détresse. Tant au niveau de notre rédaction centrale que de nos bureaux régionaux, l’élan de solidarité est le même. Ils veulent à tout prix apporter leur aide à ceux qui, durant la guerre de Libération et la résistance anticoloniale, ont été aux côtés du peuple algérien.



Unies par une longue histoire, l’Algérie et la Syrie entretiennent de solides relations. Bien avant la guerre de Libération, des centaines de familles algériennes se sont installées en Syrie pour fuir la barbarie de la colonisation française.

Rares sont ceux qui sont revenus en Algérie après l’Indépendance. Cela explique même les larges liens familiaux qu’entretiennent les Algériens avec les Syriens. Donc, la fraternité entre les deux peuples repose sur des liens socio-historiques et culturels, ne datant pas d’hier. Aujourd’hui, la Syrie est plongée dans une tragédie douloureuse.

Regrets…

Des dizaines de milliers de Syriens fuient, en famille, la guerre civile pour se réfugier dans des pays voisins et amis. La Turquie, le Liban, la Jordanie, l’Egypte, mais aussi l’Algérie sont des destinations très prisées par les Syriens. En Algérie, certains décomptes avancent qu’une dizaine de milliers de réfugiés syriens ont foulé le sol algérien depuis le début des violences. Arrivés en Algérie, ces derniers ne savant plus à quel saint se vouer. Ils ont besoin d’aide et d’assistance.

Le réseau de bienfaisance et d’aide aux réfugiés syriens en Algérie a tiré la sonnette d’alarme quant aux conditions difficiles dans lesquelles vivent ces réfugiés qui arrivent sans discontinuité. «Nous sommes en difficulté. On n’arrive pas à subvenir aux multiples besoins des réfugiés. Notre action est déterminée par les aides que nous recevons auprès des Syriens établis en Algérie, mais aussi auprès des Algériens», nous a fait savoir A. Ramdhan, membre du réseau syrien de bienfaisance et d’aide aux réfugiés. Et de poursuivre: «On regrette le fait que l’Algérie officielle n’a pas fourni assez d’efforts pour venir en aide aux réfugiés, qui sont dans des situations déplorables et lamentables.»

Un regret manifeste est également affiché par son compatriote, N. Mohammed, activant dans le même réseau. «Les autorités algériennes doivent faire leur devoir envers les réfugiés. Il s’agit de femmes et d’enfants qui ont fui la guerre. Les réfugiés syriens en Algérie ne sont pas venus faire de la politique. Ils sont ni avec X ni avec Y», a-t-il tenu à préciser, avant d’ajouter, avec désolation: «Les Algériens ne doivent pas oublier que parmi ceux qui tombent sous des balles assassines aujourd’hui en Syrie ou les réfugiés syriens qui arrivent en Algérie, il y a des Syriens d’origine algérienne».

Main tendue

En effet, il est du devoir de tout Algérien de porter assistance à ses frères syriens qui viennent se réfugier en Algérie.

Car, il s’agit en effet de tendre la main à ceux qui nous ont offert, par le passé, gîte et assistance. L’histoire en est témoin. Ainsi, en 1854, l’Emir Abdelkader émigre en Syrie en compagnie de pas moins de 8500 hommes.

Ces Algériens vont s’installer le long de l’axe qui va de Damas à Haïfa. Tandis que de nombreux compagnons de Cheikh El Mokrani, sur le chemin de l’exil vers la Nouvelle-Calédonie, se sont également installés en Syrie à la fin du XIXe siècle.

Les liens entre les deux pays, marqués par les luttes communes contre le colonialisme français, avec des figures de proue comme l’Emir Abdelkader ou l’Emir Khaled, notamment, se consolideront durant la guerre de Libération. Et pour preuve: des dizaines de Syriens se sont portés volontaires pour prendre les armes aux côtés des Algériens contre le colonisateur français. De nombreux Syriens, dont des médecins, se sont ainsi engagés aux côtés d’Algériens pendant la Révolution. Parmi les plus illustres, nous citons l’ancien président Noureddine Al Atassi, renversé par Hafedh Al Assad, et dont le nom a été donné à l’hôpital de Bologhine. Al Atassi avait participé à la Révolution, au maquis, en particulier à la frontière algéro-tunisienne, puis était resté à Alger pendant les premières années de l’Indépendance avant de retourner dans son pays. Même des poètes et écrivains syriens, à l’image de Souleimane Al Aïssi, ont contribué par leur génie à la Guerre d’Algérie.

C’est dire qu’ils étaient aux côtés de leurs frères algériens durant leurs malheurs et ont fait leur devoir.