– «Unité, Liberté, Etat civil!» ont clamé les uns, «Unité, Liberté, Etat islamique», ont rétorqué les autres.
Une altercation a éclaté, hier vendredi, entre des militants islamistes et d’autres réclamant l’instauration d’un Etat civil, lors d’une manifestation, selon une vidéo mise en ligne sur YouTube. Cette vidéo, filmée par des militants, montre une foule manifestant à Saraqeb.
Certains protestataires portent le drapeau de la révolte syrienne et d’autres des étendards noirs salafistes. Un homme a soudain arraché un drapeau de la révolte, et un autre l’a piétiné, provoquant une altercation entre les deux camps. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), les militants islamistes sont des membres du Front jihadiste Al-Nosra et d’autres factions islamistes.
A Kafar Nebbol, dans la région d’Idleb, des manifestants ont tourné en dérision l’ultimatum lancé par le chef de l’opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, qui a exigé la libération d’ici dimanche (demain) de toutes les prisonnières détenues par le régime, faute de quoi il retirerait son offre de dialogue. Une pancarte brandie par les manifestants montre une caricature dans laquelle M. Khatib déclare, en pointant du doigt le président Assad : «si les femmes arrêtées ne sont pas libérées avant dimanche, je dormirai sans dîner». C’est dans ce contexte que du coté de Damas, le ministre de l’Information, dans la première réaction officielle de Damas à l’offre de négociations du chef de l’opposition, s’est dit prêt à dialoguer avec ses adversaires mais sans «conditions préalables». «La porte est ouverte, la table de négociations est là, bienvenue à tout Syrien qui veut dialoguer avec nous, nous sommes sérieux concernant la question du dialogue, ne parlent-ils pas de dialogue à l’étranger?», a affirmé le ministre, Omrane al-Zohbi, dans un entretien avec la télévision d’Etat syrienne, en référence à l’opposition en exil. «Quand on parle de dialogue, il s’agit d’un dialogue sans condition, qui n’exclue personne, mais si quelqu’un vient me dire -je veux dialoguer de cette question sinon je te tue-, cela n’est pas un dialogue (…) il ne faut pas qu’il y ait de conditions préalables», a-t-il ajouté.
Le chef de la Coalition de l’opposition, Ahmed Moaz al-Khatib, avait proposé d’entamer des discussions directes avec des représentants du régime. Il avait également exigé la libération d’ici dimanche de toutes les prisonnières détenues par le régime, à défaut de quoi il retirerait son offre de dialogue avec Damas. L’offre de M. Khatib avait reçu l’aval des Etats-Unis et de la Ligue arabe mais surtout des deux alliés de la Syrie, la Russie et l’Iran, avec qui le chef de l’opposition a eu des contacts inédits la semaine dernière. Mais elle a suscité des tensions au sein de son propre camp, le Conseil national syrien (CNS), principale composante de la Coalition, qui a rejeté en bloc cette proposition et réaffirmé son attachement à la «révolution».
R. I. / AFP
Mise au point
M. Zohbi a affirmé que le régime était prêt à dialoguer avec les «groupes armés» lorsque ceux-ci «rendront les armes». Damas considère les rebelles comme des «terroristes» financés et soutenus par l’étranger, notamment l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. Le ministre syrien a en outre mis en garde contre toute ingérence de certains gouvernements arabes, sans les nommer, dans le conflit syrien, évoquant les risques pour les pays voisins de la Syrie. «Les répercussions sur le Liban, la Jordanie et même la Turquie seront très graves (…) personne ne peut contrôler ses frontières et la sécurité régionale est indivisible. Si le chaos règne, personne n’y échappera», a-t-il prévenu.