Pendant que des pays occidentaux accusent le régime syrien d’avoir recouru aux armes chimiques, d’autres experts et personnalités se sont montrés prudents et dubitatifs.
Ainsi, Paula Vanninen, directrice de Verifin, l’Institut finnois pour la vérification de la convention des armes chimiques, a déclaré «n’être pas totalement convaincue» qu’il s’agisse d’une attaque au gaz innervant.
«Les personnes qui aident les victimes ne portent pas de vêtements de protection ni de masques et si c’était le cas, elles auraient été contaminées et victimes des mêmes symptômes», a-t-elle relevé sur les vidéos. Pour Gwyn Winfield, directeur du magazine CBRNe Wold, spécialisé dans les armes chimiques, «il n’existe aucune information indiquant que les médecins ou des infirmières ont succombé, ce qui laisse à penser que ce n’est pas ce que nous considérons comme du gaz sarin militaire, mais pourrait être un gaz sarin dilué», a-t-il indiqué. Même Marine Le Pen, la présidente du mouvement d’extrême droite français, appelle à la prudence quant à la responsabilité de Damas. «Le problème, c’est que nous n’avons pas d’informations et si l’ONU est prudente, c’est qu’il n’y a rien de vérifié. […] Je ne remets pas en cause les photos. Il y a eu des atrocités, mais ça ne nous dit pas qui sont les coupables», a prévenu la présidente du FN sur RTL. «J’appelle à la méfiance, car dans des guerres aussi médiatiques il faut se méfier des manipulations. […] Puis quel intérêt aurait l’armée à utiliser l’arme chimique contre son peuple alors qu’il pourrait se retourner contre elle?», interroge-t-elle. Un responsable de la sécurité à Damas a estimé que l’utilisation du gaz sarin aurait été un «suicide politique». «Hier (mercredi), était le premier jour de travail de la mission de l’ONU et utiliser des armes chimiques à ce moment aurait été un suicide politique. [… ] Tous les analystes affirment qu’il n’est pas dans notre intérêt dans les circonstances actuelles d’utiliser des armes chimiques alors que la commission se trouve sur place», défend un haut responsable des services de sécurité à Damas. «A travers ces accusations, ils [l’opposition, ndlr] veulent porter atteinte au travail des experts et brouiller les cartes», accuse-t-il. «L’armée continue à avancer pour mettre fin au terrorisme et nous ne sommes pas obligés d’avoir recours à ce type d’armes. Ils essaient de porter atteinte aux succès de l’armée avec ces mensonges», insiste le haut gradé des services de sécurité. L’opposition syrienne a affirmé hier, mercredi, que le régime avait tué 1 300 personnes dans une attaque chimique près de Damas. Réunis hier, mercredi, à huis clos, les membres du Conseil de sécurité (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Luxembourg et Corée du Sud) veulent «faire la lumière» sur les accusations d’utilisation d’armes chimiques près de Damas et «saluent la détermination» de l’ONU à enquêter, a déclaré la présidente du Conseil, l’ambassadrice argentine Maria Cristina Perceval. Mais ils n’ont pas adopté de déclaration formelle sur la question, la Russie et la Chine y étant opposées, selon des diplomates.
R. I. / Agences
– Des enfants paniqués, d’autres étendus au sol, des corps inertes alignés… Les images chocs de ce qui semble être un massacre à l’arme chimique à Damas tournent en boucle depuis hier, mercredi, sur les chaines de télévision du monde. Mais ce jeudi encore, rares sont ceux qui osent le désigner comme tel. Des vidéos diffusées par l’opposition syrienne, montrent, en effet, des enfants inanimés étendus sur le sol à côté de corps d’hommes qui ne portent aucune trace de sang. Sur l’une d’elles, du personnel soignant tente de mettre aux enfants des masques à oxygène pour les aider à respirer, alors que des médecins essaient de ranimer d’autres qui semblent inconscients. Une autre vidéo montre une fillette d’une dizaine d’années étendue sur une civière et répétant, les mains sur le visage et paniquée: « Je suis vivante, je suis vivante…»