Syrie : un gaz peut en cacher un autre

Syrie : un gaz peut en cacher un autre
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Albert Einstein disait à ses moments de philosophe : « celui qui détruit n’est pas celui qui fait du mal, mais celui qui regarde… »

Nous sommes tous tétanisés face à la crise syrienne, comme nous l’avons été lors de l’agression de l’Irak et de la Libye, qui nous révèle chaque jour que nous vivons dans un monde cruel et hypocrite, assis sur les mensonges et l’avidité.

Entre les discours moralistes par devant, et les actes belliqueux par derrière, les nations dites civilisées nous démontrent irrémédiablement, que le postulat de la loi du plus fort est toujours la meilleure.

Les apparences doivent rester sauves quand au nom de LA DEMOCRATIE on doit tuer, détruire et saccager des peuples et des civilisations. Les vrais motifs restent toujours inavoués. Au moment où nous sommes suspendus aux lèvres des représentants de ces nations civilisées, qui vont nous annoncer que le gouvernement Syrien a bien utilisé des armes chimiques contre sa population, et qu’elle mérite une pluie de bombes incessamment sous peu.

Une pluie de bombes qui va dévaster le pays et toute la région pour des décennies. Et tout cela au nom de la défense de la démocratie et des droits de l’homme (les indiens d’Amérique, les Incas, les Vietnamiens, les Chiliens, les Africains vont se bidonner alors que les Irakiens se bidonnent encore)

On ne badine pas avec l’appétit des loups, comme disait La Fontaine « si ce n’est pas toi c’est donc ton frère »…tu pollues mon puits donc tu dois payer.

Naïvement nous pouvions penser que les motifs grossiers invoqués dans les siècles derniers pour s’accaparer les richesses des pays et des continents , n’auraient plus droit de citée aujourdh’ui , et seraient une insulte à l’ère du savoir et de l’internet que nous vivons. Quelle naïveté !

Tout est réglé comme du papier à musique, et le scenario est bien huilé, l’agression doit rester chevaleresque et les motifs dignes, alors que l’adversaire doit paraître vil.Faut-il nous rafraichir la mémoire avec le coup d’éventail du Dey d’Alger au consul de France conséquence : 130 ans d’hospitalité forcée, c’est cher payé.

D’autres exemples plus récents, la guerre du Vietnam a été rendu possible grâce aux incidents du golfs de Tonkin (avérés faux des années plus tard), la première du golf rendu également possible grâce à l’affaire des couveuses au Koweït (avérée fausse des années plus tard), l’Afghanistan suite au 11 septembre, et enfin la destruction de l’Irak berceau de l’Humanité grâce a une petite fiole exhibée à l’ONU (par un général au costume bien repassé) censée détruire massivement le Monde, un mensonge qui hante aujourd’hui la conscience de l’occident, s’il en possède une.

Pardon pour ce préambule un peu exhaustif, c’est l’actualité immédiate qui l’exige, entrons dans le sujet.

Un gaz peut-il en cacher un autre ?

Cette histoire de gaz sarin n’est qu’un mauvais remake du « coup d’éventail du dey d’Alger au consul Duval en 1830 » mais la « cocasserie » c’est qu’il s’agit bien d’une histoire de gaz. Mais d’un autre gaz, qui celui là, est bien vital à la survie de l’humanité, quand il est domestiqué et canalisé ou « gazoduqué » à domicile, à l’instar de son homologue le pétrole qui, depuis les accords de Kyoto en 1992, a été relégué au second plan pour sa propension à polluer la planète.

Depuis que le gaz naturel est devenu primordial, comme le pétrole par la passé, les USA et les pays occidentaux développent de nouvelles stratégies sous l’impulsion des grandes compagnies financières et énergétiques pour domestiquer ce marché juteux et surtout stratégique.

L’accès à l’approvisionnement de cette ressource devient une question majeure, donc on ne badine pas. Les cartes des gisements mondiaux sont sur la table jouxtant celles des états-majors. Bien sûr l’Europe est la sœur pauvre en la matière, donc sa survie en dépend, d’autant que sa consommation en est plus grande, ses besoins d’approvisionnement ainsi que la diversification des sources sont d’un ordre impérieux.

La crise que vit aujourd’hui la Syrie trouve précisément son origine dans la stratégie des pays occidentaux pour l’accès à ce gaz naturel, avec en toile de fond deux projets concurrents, à savoir le projet Nabucco et South Stream qui vont hypothéquer l’avenir de l’Europe et du monde pour des décennies.

La Syrie n’est qu’un des maillons de la chaîne que les stratèges du pentagone ont planifié de déstabiliser pour arriver au contrôle de cette matière. En effet l’Europe reste dépendante pour son approvisionnement, en partie de la Russie ainsi que des pays du Golf et de la mer Caspienne, qu’elle doit partager dorénavant avec la Chine et les ex. Pays de l’Est émergeants. Pour dire que les appétits s’aiguisent.

Le projet Nabucco lancé en 2002 par les pays occidentaux (juste au début de la guerre visant l’Afghanistan, hasard de calendrier peut être?) et qui doit entrer en fonction entre 2014 et 2018, se trouve contrarié par un autre projet concurrent lancé déjà par la Russie, à travers Gazprom : le projet South Stream.

Avant d’aller plus loin il faut peut être expliquer aux épicuriens que nous sommes, les tenants et aboutissants de ces deux projets, qui sous des apparences commerciales sont d’une redoutable importance géostratégique pour l’Europe et le monde, car les intérêts sont énormes.

Pour les pays européens, la source (les puits) doit être sûre, et le contrôle des voies d’acheminement reste un atout majeur, alors que pour l’Amérique, le contrôle de cette matière devient impérieux pour contrer le monopole Russe et l’expansion de la Chine.

La guerre des tuyaux est désormais ouverte, et elle sera cynique et impitoyable, et la liste des pays à réduire en confettis est longue.

Le premier malheur de la Syrie est qu’elle se trouve au carrefour du passage des gazoducs en provenance de Russie et d’Iran, son second malheur est dans la découverte d’un grand gisement au large de ses côtes, qu’elle doit partager avec le Liban, Chypre et enfin Israël.

De surcroit, sa proximité avec le Qatar, qui représente la troisième plus grande réserve du monde après la Russie et l’Iran, rend sa position et celle de l’Iran inconfortable dans la mesure où ils viendraient à contrarier le projet Nabucco.

Nabucco est un projet surdimensionné pour le seul gaz de l’Azerbaidjan, car son objectif non avoué est d’inclure le Gaz d’Irak, de Turkmenistan et enfin de l’Iran( après sa domestication). Les ambitions de ce serpent géant sont cependant contrariées par le timing planifié , et la géopolitique compliquée de cette région non encore domestiquée entièrement.

Qu’à cela ne tienne, la stratégie US alliée à celle des principaux pays occidentaux, ne veut plus faire dans la dentelle, en sortant le rouleau compresseur pour réduire les pays gênants en patchwork (ethniques et confessionnels…) afin de mieux contrôler les régimes futurs.

S. Ouidir