Les forces syriennes ont intensifié, samedi, leurs bombardements à Homs, ville-symbole de la contestation antigouvernementale, où 31 civils ont trouvé la mort.
Le comité de coordination locale, une organisation regroupant des opposants au régime de Bachar al Assad, a indiqué qu’au mois 31 personnes ont été tuées samedi à Homs, d’après un décompte fait auprès des hôpitaux.
Des miliciens alaouites, ou chabbiha, se sont déployés en nombre dans la ville, selon des militants de l’opposition.
« Il s’agit du pilonnage le plus intense depuis le début de l’offensive à Homs il y a six jours. Un obus s’est abattu sur un immeuble à Bab Amro, quartier du centre historique de Homs », a déclaré à l’opposant Mohammed Hassan, une information rapportée par Reuters. Des chars sont en position autour des quartiers tenus par l’opposition, ce qui laisse présager une nouvelle offensive contre les secteurs insurgés de la troisième ville du pays. Trois cents personnes ont trouvé la mort cette semaine dans les bombardements de Homs, selon l’opposition. Les forces de sécurité ont également mené des perquisitions dans la ville ces deux derniers jours. Les corps de trois personnes abattues par des tireurs isolés et abandonnés en pleine rue ont été récupérés samedi. Le ministère syrien des Affaires étrangères a sommé, pour sa part, la Libye et la Tunisie de fermer leurs ambassades à Damas d’ici soixante-douze heures. Cette décision fait suite à des mesures similaires prises par ces deux pays à l’encontre de la Syrie.
Bombardements aveugles
Pour Fawaz Tello, membre du Conseil national syrien (CNS) d’opposition, « Assad ne peut pas engager ses soldats dans des combats de rue. Il se contente de bombarder Homs pour forcer l’Armée syrienne libre à se retirer, de façon à ce que les forces gouvernementales puissent entrer sans trop de pertes dans les quartiers insurgés. » A Zabadani près de la frontière libanaise, l’armée syrienne est entrée dans la ville après la conclusion d’une trêve avec les opposants, a annoncé un chef de file de l’opposition, Kamal al Labouani.
Cet accord, conclu après une semaine de pilonnages et de tirs d’artillerie, qui ont fait une centaine de morts sur les 20.000 que compte la ville, prévoit que les rebelles rendront aux forces armées les armes et gilets pare-balles saisies aux militaires. Ces derniers s’engageaient en retour à ne pas les poursuivre, a ajouté Labouani. L’OSDH indiquait auparavant que des bombardements à Zabadani avaient fait trois morts. A Tripoli, dans le nord du Liban, des heurts entre partisans et opposants au régime syrien ont fait deux morts et huit blessés samedi, a-t-on appris auprès des services de sécurité. Cette ville côtière est dominée par les sunnites qui soutiennent l’insurrection en Syrie mais elle est aussi peuplée de membres de la minorité alaouite, dont est issu le clan du président Bachar al Assad.
L’armée libanaise s’est déployée dans les quartiers touchés par les violences afin de rétablir l’ordre. Elle a procédé à des arrestations et a confisqué des armes. Plusieurs soldats ont été blessés, dont un grièvement. Face à un appareil militaire bien organisé et à une situation régionale explosive, la communauté internationale est pour le moment restée impuissant
« Il ne fait aucun doute que la confiance du monde dans les Nations unies a été ébranlée », a estimé vendredi le roi Abdallah d’Arabie saoudite. Ryad fait circuler un nouveau projet de résolution, cette fois à l’assemblée générale de l’Onu.
Comme pour le précédent, le texte « soutient totalement » le plan adopté le mois dernier par la Ligue arabe qui, outre la mise à l’écart de Bachar al Assad, propose la formation d’un gouvernement d’union nationale chargé de préparer des élections. Il reprend les grandes lignes de celui qui a été rejeté samedi dernier et appelle toutes les parties à mettre fin aux violences. Les résolutions de l’Assemblée générale ne sont pas contraignantes mais ont une valeur symbolique forte qui accentuerait la pression sur le régime baasiste. Le projet de résolution doit être débattu lundi et le vote pourrait avoir lieu dans la semaine.
Par : R. I.