La Ligue arabe a demandé samedi à l’Onu de fixer un calendrier pour l’application du plan Annan et de recourir au Chapitre VII de sa charte pour imposer rupture des relations diplomatiques et sanctions à la Syrie, où 38 personnes ont été tuées dans de nouvelles violences.
Le plan de paix du médiateur de l’Onu et de la Ligue Kofi Annan, qui prévoit en premier lieu la fin des hostilités, est resté lettre morte depuis des semaines et la Syrie est désormais au bord de la guerre civile, selon de nombreux dirigeants internationaux.
« La violence a atteint des niveaux totalement inacceptables », a dénoncé, samedi, M. Annan à la réunion de la Ligue arabe à Doha, ajoutant : « Le spectre d’une guerre totale, ayant une dimension confessionnelle inquiétante, augmente au fil des jours. »
Il a précisé avoir demandé au président Bachar al-Assad, qu’il a rencontré cette semaine à Damas, d’ »agir maintenant pour appliquer tous les points (de son) plan ».
Dans un communiqué publié au terme de leur réunion extraordinaire, les ministres des Affaires étrangères des membres de la Ligue arabe ont exhorté, pour leur part, le Conseil de sécurité à « prendre les mesures nécessaires pour assurer une application totale et immédiate du plan de (…) Kofi Annan selon un calendrier bien défini et ce, en ayant recours au Chapitre VII de la Charte des Nations unies ».
Par ce recours, les ministres demandent « la suspension partielle ou totale des relations économiques, des liaisons ferroviaires, maritimes, aériennes, postales, télégraphiques et de télécommunications et la rupture des relations diplomatiques » entre la Syrie et les autres pays.
Le Chapitre VII prévoit aussi la possibilité d’un recours à la force en cas de menaces contre la paix. Mais, alors qu’on l’interrogeait sur cette possibilité, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a laconiquement répondu : « Nous n’avons demandé aucune action militaire. »
« C’est au Conseil de sécurité de décider des sanctions économiques ou d’aller au delà », a-t-il ajouté, faisant remarquer que trois pays membres (Irak, Algérie et Liban) avaient émis des réserves sur la référence faite dans le communiqué au Chapitre VII.
Le peuple syrien
«déterminé»
Le secrétaire général de la Ligue arabe a, par ailleurs, proposé de modifier le mandat des observateurs qui, au nombre de près de 300, sont chargés de superviser un cessez-le-feu, constamment violé depuis son entrée en vigueur le 12 avril.
« Une modification du mandat des observateurs ou la transformation (de ce corps) en une force de la paix sont des alternatives », a déclaré M. Arabi.
Au lendemain de manifestations massives en Syrie, le chef démissionnaire du Conseil national syrien (CNS, principale coalition de l’opposition), Burhan Ghalioun, a souligné que « le peuple syrien est plus que jamais déterminé à obtenir la chute du régime », devenu « un danger pour la sécurité et la stabilité du Proche-Orient ».
Présent à la réunion de Doha, il a aussi indiqué à l’AFP espérer « la mise en place d’une force arabe de dissuasion », sans plus de précisions.
Sur le terrain, 38 personnes ont encore péri dans les violences samedi, dont 22 soldats.
Les troupes syriennes ont mené des perquisitions à la recherche de militants anti-régime dans la province de Homs (Centre), ainsi qu’à Hama (Centre) et Deraa (Sud).
Dans cette dernière ville, six soldats ont péri dans des combats avec des rebelles, selon l’OSDH. Huit autres soldats ont été tués lors de combats avec des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL, force d’opposition armée composée essentiellement de déserteurs) près de Damas.
Signe que les violences ne sont pas prêtes de cesser, des responsables de l’ASL avaient annoncé, vendredi, qu’ils reprenaient les « opérations défensives », s’estimant affranchis des engagements pris dans le cadre du plan Annan.
Tensions exacerbées
au Liban
Les dirigeants internationaux ont souligné ces derniers jours à l’unisson le risque grandissant de guerre civile totale, mais sans parvenir à mettre fin à leurs divisions quant à la façon de faire cesser la spirale des violences qui a fait plus de 13.400 morts depuis mars 2011.
Reconnaissant voir « des éléments précurseurs d’une guerre civile », le président russe Vladimir Poutine, allié indéfectible du régime Assad, a néanmoins écarté de nouveau toute sanction de l’Onu contre Damas de même que le départ du dirigeant syrien, lors de déplacements vendredi à Berlin puis à Paris.
Au Liban voisin, où la révolte syrienne attise les tensions, dix personnes ont été tuées et 31 blessées ces dernières 24 heures à Tripoli lors de nouveaux affrontements entre partisans et opposants au régime de Damas, selon une source des services de sécurité.
Par : R.I / Agence