Syrie : l’ONU va retirer les observateurs de sa mission

Syrie : l’ONU va retirer les observateurs de sa mission

La mission de la Misnus était de veiller au respect du cessez-le-feu obtenu par Kofi Annan, une trêve dont il fut rapidement évident qu’elle resterait lettre morte.

Les observateurs de l’ONU en Syrie vont plier bagage. Le Conseil de sécurité a approuvé vendredi à l’unanimité une prolongation de trente jours du mandat des 300 militaires non armés et 100 civils qui composent la Mission de supervision des Nations unies en Syrie (Misnus). Le texte leur accorde un simple délai «technique» permettant un rapatriement en bon ordre du contingent onusien et durant lequel il n’aura aucun rôle opérationnel. Ce qui est déjà le cas depuis un mois.



La Misnus avait été constituée après le vote, le 21 avril dernier, de la réso­lution 2343 du Conseil de sécurité. Sa mission était de veiller au respect du cessez-le-feu obtenu par l’émissaire international Kofi Annan, une trêve dont il fut rapidement évident qu’elle resterait lettre morte. Le 16 juin, les observateurs, cantonnés dans leur hôtel de Damas, ont d’ailleurs suspendu leurs patrouilles en raison de la détérioration de la sécurité. Leur chef, le général norvégien Robert Mood, avait alors reconnu que la Misnus était arrivée au terme d’un chemin impossible. Son mandat a expiré officiellement vendredi soir.

Sursis d’un mois

Le retrait annoncé des observateurs n’en constitue pas moins un nouveau constat d’échec pour la diplomatie onusienne, au lendemain du troisième veto russe opposé, jeudi, à une résolution du Conseil de sécurité sur la Syrie. Jusqu’au bout, toutefois, la question des observateurs a fait jouer la faille séparant principalement la Russie des Occidentaux.

Deux projets rivaux de résolution étaient sur la table vendredi. La première, présentée par le Royaume-Uni et soutenue par les Européens (France, Allemagne, Portugal), n’accordait aux observateurs qu’un sursis d’un mois. Ce texte, qui a finalement été adopté, précise que la mission ne pourra être prolongée à nouveau que si Damas tient sa promesse de retirer ses armes lourdes. Le second projet proposé par le Pakistan et soutenu par la Russie prolongeait simplement la mission de quarante-cinq jours, sans conditions. Moscou plaidait en effet pour le maintien des observateurs. L’ambassadeur russe en France, Alexandre Orlov, répondant à une interview de Radio France internationale (RFI), a estimé vendredi «essentiel» le maintien de la Misnus. Dans ce même entretien à RFI, le diplomate russe a estimé «personnellement» qu’«il sera difficile pour Bachar de rester» au pouvoir, avant de revenir sur ses propos.

À New York, la Russie avait menacé de mettre, encore une fois, son veto à la résolution occidentale sur les observateurs. Une ultime réunion des ambassadeurs du Conseil de sécurité a toutefois conduit Moscou à faire volte-face et à approuver la résolution «européenne». Il est vrai que «leur» résolution n’avait guère de chance d’obtenir au Conseil de sécurité les 9 voix (sur 15) nécessaires. «Après le choc suscité jeudi par leur veto, ce vote permet aux Russes de se dédouaner tout en ayant pu faire entendre leur voix», commente un diplomate.