Syrie, Les Etats-Unis refusent d’armer l’opposition

Syrie, Les Etats-Unis refusent d’armer l’opposition

La tragédie syrienne prend de l’ampleur dans un pays en ruine et sans perspective réelle de sortie de crise. Autour de Damas, la bataille fait rage entre les forces légales et l’opposition armée.

L’armée syrienne marque des points. A Homs où elle progresse, mais aussi, ce dimanche, dans la place forte de Qousseir reliant Damas au Littoral.

La coalition, qui a perdu son chef, en la personne d’Ahmed Moaz Al-Khatib, qui a confirmé sa démission, en proie à des dissensions internes, joue la seule carte qui lui reste : les armes de l’Occident qui risquent de renflouer l’arsenal du Front Al Nosra, dictant sa loi sur le terrain de la rébellion, affilié à El Qaïda et inscrit dans la liste noire des organisations terroristes. Pour ce faire, la coalition, qui peine à convaincre la communauté internationale, montre patte blanche.

Elle a ainsi signé, à Istanbul, un document où elle a exprimé « sa vision de l’avenir de la Syrie (…), une vision qui rejette le terrorisme et l’extrémisme, et déterminée à trouver, en priorité, une solution politique ».

Quelle solution politique ? Lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères des 11 pays constituant le groupe des « amis de la Syrie », organisée dans la capitale turque, l’option interventionniste a été nettement privilégiée par la coalition de l’opposition qui a appelé les pays occidentaux et arabes qui la soutiennent de prendre des mesures spécifiques immédiates, légitimées par la nécessité de protéger les civils des tirs de missiles balistiques et de l’utilisation d’armes chimiques.

« Ce que nous demandons, ce sont des frappes chirurgicales pour détruire les sites de lancement (des missiles Scud) de façon à ce que nous n’ayons plus, au moins, ce risque quotidien qui pèse sur notre population », a fait savoir Yaser Tabbara, le porte-parole du « Premier ministre » intérimaire élu par l’opposition, Ghassan Hitto.

Cette question contestée a fait l’objet d’une polémique entre les belligérants qui se sont renvoyés plusieurs fois la balle quant à l’usage prohibé des armes chimiques. A la peine, aussi bien sur le plan militaire que politique, l’opposition ne peut que constater ses multiples échecs à faire bouger les lignes sur la scène diplomatique.

Dans sa déclaration, la coalition en appelle au Conseil de sécurité, par ailleurs bloqué par le veto sino-russe, pour l’adoption d’une résolution condamnant le recours du pouvoir syrien aux missiles balistiques et aux armes chimiques, ainsi que la mise en place d’un fonds international destiné à soutenir le nouveau gouvernement intérimaire et le retour des réfugiés dans leur pays.

Un coup d’épée dans l’eau ? Cette montée au créneau des responsables de la coalition intervient alors que le chef du département d’Etat US, John Kerry, a annoncé, depuis Istanbul, au terme de cette réunion de plus de six heures, le doublement de leur assistance directe, portée à 250 millions de dollars destinés à la livraison d’équipements militaires défensifs, mais toujours pas les armes que l’opposition réclame avec insistance.

« Nous sommes, aujourd’hui, à un moment critique et c’est ce qui nous a amenés ici », a justifié M. Kerry, précisant que les « enjeux en cause en Syrie ne peuvent être plus clairs : l’utilisation d’armes chimiques, le massacre de la population par des missiles balistiques et le recours à d’autre armes de destruction massive », a-t-il détaillé.

La sortie du secrétaire d’Etat, accusé de « jeter l’huile sur le feu », a été dénoncée par les médias syriens relevant la partialité américaine en faveur des « groupes armés » que les Etats-Unis soutiennent « politiquement, financièrement et militairement ». Pour le président syrien, Bachar El Assad, l’Occident joue avec le feu. Tout en affirmant que son départ est l’affaire du peuple syrien souverain, laissant ouverte l’option de la représentation à la présidentielle de 2014, El Assad avertit des conséquences désastreuses de l’« onde de choc » syrien sur la stabilité de toute la région.

Amine G.