Le président syrien, Bachar al-Assad, a exclu toute démission avant la fin de son mandat en 2014, au moment où l’armée régulière semble gagner du terrain dans sa lutte contre la rébellion.
Dans un entretien accordé samedi à des médias argentins, le chef de l’Etat syrien, qui fait face depuis plus de deux ans à un mouvement de contestation qui s’est militarisé, a estimé que « c’est au peuple syrien de décider qui doit partir et quand », à travers une consultation électorale.
« Démissionner, ce serait fuir », a ainsi déclaré M. al-Assad laissant même entendre qu’il serait candidat en 2014 à sa propre succession.
« Le capitaine n’abandonne pas le navire en pleine tempête. Il doit le mener à bon port. Partir, ce serait fuir mes responsabilités et ce n’est pas dans mes habitudes », a souligné le président syrien.
Bachar el-Assad affirme qu’il se battra jusqu’au bout contre les « terroristes soutenus par l’Occident, certains pays arabes et Israël ».
L’entretien réalisé par l’agence officielle argentine Telam et le grand quotidien Clarin, intervient à un moment où la communauté internationale continue de rechercher une solution politique à la crise syrienne qui, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a fait plus de 94.000 morts et un million de réfugiés depuis mars 2011.
Al-Assad sceptique face à la conférence souhaitée par Moscou et Washington
La communauté internationale tente d’organiser à Genève en juin 2013 une conférence de paix. Russes et Occidentaux négocient l’ordre du jour et l’identité des participants à cette conférence.
Bachar al-Assad s’est déclaré sceptique face à cette rencontre, accusant l’Occident et l’opposition de « vouloir faire échouer toute initiative de dialogue ».
Il a ainsi pointé du doigt « de nombreux pays occidentaux (qui) ne voulaient pas d’une solution en Syrie », les accusant une nouvelle fois de soutenir les « terroristes ».
M. al-Assad a néanmoins salué l’accord américano-russe, même s’il ne s’est pas prononcé sur la participation de son camp au dialogue prévu avec l’opposition au cours de cette conférence internationale. De son côté, l’opposition décidera le 23 mai de se rendre ou non à ce dialogue.
Au sujet d’une éventuelle utilisation par l’armée syrienne d’armes chimiques, Bachar el-Assad assure que ses troupes n’utilisent pas d’armes chimiques contre les rebelles, estimant que cette affaire pourrait être utilisée comme prétexte pour préparer une intervention militaire étrangère contre son pays.
L’armée régulière fait perdre du terrain à la rébellion
Sur le terrain, l’armée syrienne, appuyée par le parti libanais Hezbollah, a lancé dimanche l’assaut sur la ville de Qousseir pour reprendre le dessus sur les insurgés.
La télévision d’Etat a rapporté que l’armée « resserrait l’étau sur les « terroristes, les attaques sur différents fronts et détruisait les positions de leurs chefs dans le sud de la ville ».
De son côté, l’OSDH a fait état dimanche de combats acharnés entre rebelles et armée aux entrées de la ville de Qousseir.
Selon cette ONG, les troupes sont entrées du côté sud de la ville et tentent d’avancer, alors que les rebelles tentent de résister à l’assaut.
L’armée avait préparé l’offensive terrestre en lançant depuis dimanche matin une série de raids aériens sur la ville, accompagnés de violents tirs d’artillerie et de mortier. Ces bombardements ont fait 20 morts, dont 11 rebelles, d’après l’OSDH.
Ces dernières semaines, l’armée régulière marque des points sur deux fronts stratégiques : dans la région de Damas et sur la route du littoral. C’est le résultat marquant d’un changement de stratégie. Au lieu de combattre sur tout le territoire, l’armée insiste sur le contrôle des axes qui relient les grandes villes.
Récemment, ces forces sont parvenues à prendre plusieurs villages aux alentours de Qousseir, située dans la province centrale de Homs et sur l’axe stratégique reliant la capitale Damas au littoral.
L’armée est aussi parvenue à desserrer l’étau autour de Damas, en fermant l’accès à la banlieue-est aux mains des insurgés.
Ce changement de stratégie fait perdre du terrain à l’opposition armée, qui enregistre toutefois des avancées notamment à l’Est et au Nord, comme à Raqqa, première capitale provinciale prise par les rebelles.