Au terme de l’entretien qu´il a eu, samedi, avec le président Bachar al Assad, Lakhdar Brahimi a tenu à avertir que la crise syrienne est très « sérieuse ». De l´avis de l´émissaire de l´ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie, cette crise, qui a fait en 18 mois des dizaines de milliers de victimes, se complique de jour en jour.
Les affrontements qui opposent les troupes gouvernementales aux groupes armés s´intensifient, réduisant en ruines des villes comme Alep et des quartiers de Damas. La tâche du diplomate algérien aurait été moins délicate si ce conflit interne mettait en prise la seule opposition et le régime politique en place. La solution globale ne se trouve pas, hélas, à Damas mais à l´étranger d´où des intérêts divers, arabes, israéliens, régionaux, occidentaux et même particuliers, qui tirent les ficelles de ce conflit qui fait planer tous les dangers sur la sécurité de ce pays et, comme le craint Lakhdar Brahimi, sur le Proche-Orient et même le monde entier. En faisant ce constat, l´émissaire de l´ONU a laissé entendre que les parties impliquées dans ce conflit ne sont pas exclusivement les Syriens. Il faut se rappeler qu´avant même de succéder à son prédécesseur à ces fonctions, Kofi Annan, Lakhdar Brahimi avait réclamé le soutien des pays membres du Conseil de sécurité pour mener à bien sa mission. Son objectif était de s´assurer de l´engagement des grandes puissances à s´impliquer dans cette mission de paix. La crise syrienne est un scénario préparé par des intérêts géostratégiques étrangers. Ce sont ces intérêts que l´envoyé de l´ONU et de la Ligue arabe veut convaincre d´adopter une position constructive et cesser de jeter de l´huile sur le feu. Le chemin de la paix en Syrie sera donc long et difficile, mais Lakhdar Brahimi bénéficie d´un crédit international certain et d´une grande expérience dans le traitement des conflits. Il a réussi au Liban, là où toutes les initiatives avaient échoué. La vedette de la chanson arabe, Magda Roumi, témoignait lors de l´un de ses séjours à Alger, que durant la guerre civile dans son pays, « les Libanais pouvaient dormir en paix chaque fois que les Algériens (en l´occurrence Brahimi) étaient de retour à Beyrouth ». Si la communauté internationale s´engage résolument à criminaliser le comportement des pêcheurs en eaux troubles et des marchands de canons qui sont aussi des Etats intéressés par la déstabilisation de la Syrie, la partie sera gagnée. Toute la question est de savoir si tout le monde est d´accord pour mettre la fin à la spirale de violence en Syrie.
A. Nassim