Répression sanglante : 80 morts et une centaine de blessés
La Syrie vient de franchir le seuil de tolérance avec une répression sanglante sur des manifestants hostiles au régime Avec plus de 80 personnes tuées et des centaines blessées, la situation est passée de simples revendications pacifiques au “printemps de Damas” au départ du parti Baath. Les dernières revendications sur la levée de l’état d’urgence, acceptée par le régime, n’ont toujours pas satisfait la rue syrienne qui prend le relais d’une vaste contestation populaire arabe a effet domino. Outre la levée de l’état d’urgence qui interdisait les manifestations, M. Assad a approuvé l’abolition des tribunaux d’exception. Mais pour l’opposition syrienne, ces mesures sont insuffisantes. Et malgré la levée de l’état d’urgence, la police a ouvert le feu sur la foule dans plusieurs villes du pays, selon des militants et ONG, alors qu’Amnesty international avait estimé que cette journée serait « un test de la sincérité du gouvernement dans l’application des réformes ». Les forces de sécurité syriennes ont ainsi commis l’impair de s’attaquer aux manifestants désarmés, mettant en doute la probité du régime dans sa volonté à vouloir faire appliquer les réformes tant attendus.
Le groupe de militants du 15 mars formé pour recenser les victimes du mouvement de contestation, a publié une liste nominative de 82 personnes tuées par les tirs des forces de sécurité, dont des enfants et personnes âgées. Il a affirmé procéder à des vérifications notamment à Lattaquié, principal port syrien à 350 km au nord-ouest de Damas, où « le bilan pourrait être très élevé ». Un autre groupe de militants des droits de l’homme fait état de 92 morts dans un communiqué mis en ligne sur internet.
« Les forces de sécurité ont commis au 39e jour de la révolution bénie un massacre terrifiant contre le peuple héroïque syrien qui a manifesté pacifiquement pour obtenir ses droits légitimes à la liberté et la justice », écrit le Comité des martyrs de la révolution du 15 mars, date du lancement du mouvement de contestation sans précédent contre le régime.
Il a fait état de « centaines de blessés et disparus » et a accusé les autorités « de terroriser et menacer les familles des victimes et d’enlever les corps ». « Des dizaines de blessés sont dans un état critique », a-t-il ajouté. Il s’agit de l’une des journées les plus sanglantes depuis le 15 mars. Le 23 mars, plus de 100 personnes avaient été tuées à Deraa, au sud de Damas, par les forces de l’ordre.
Dans cette sanglante escalade, la communauté internationale s’est jointe, hier, à un très vaste action de protestation et d’indignation. Le Président des Etats-Unis, Barack Obama, a été le premier à s’indigner “sur le recours révoltant à la violence” du régime Bachar El Assad. Des centaines de personnes ont aussi été blessées lors de ces défilés qui ont rassemblé des dizaines de milliers de manifestants à travers le pays, après l’appel d’opposants via le réseau Facebook pour une journée du « Vendredi saint », malgré la levée, la veille, de l’état d’urgence en vigueur depuis près de 50 ans.
Il s’agit de l’une des plus importantes mobilisations depuis le début le 15 mars du mouvement de contestation sans précédent contre le régime du président Bachar el-Assad, arrivé au pouvoir en 2000 à la mort de son père Hafez el-Assad. Londres a jugé « inacceptable » la mort par balles des manifestants, tandis que la France a appelé les autorités syriennes à « renoncer à l’usage de la violence contre leurs citoyens » et à mettre en œuvre les réformes. Le président du Parlement européen, Jerzy Buzek, a également jugé « inacceptable » la répression violente et a appelé à la libération de tous les prisonniers politiques.
Mohamed Ben.