Syrie, L’Amérique à l’assaut de l’EI et d’al Qaïda

Syrie, L’Amérique à l’assaut de l’EI et d’al Qaïda

L’intervention militaire occidentale en Syrie se confirme. Avec ou sans l’accord du gouvernement syrien ? Si le ministère syrien des Affaires étrangères a affirmé avoir été prévenu, le département d’Etat américain a dédaigneusement opposé un démenti.

« Nous n’avons pas demandé la permission du régime. Nous n’avons pas coordonné nos actions avec le gouvernement syrien. Nous n’avons pas donné de notification à l’avance aux Syriens, ni donné d’indication sur le moment des frappes, ni sur les cibles spécifiques », a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Jennifer Psaki. Alors que l’opinion internationale était suspendue à la bataille irakienne, des attaques ont été pour la première fois lancées par air et par terre contre les cibles stratégiques de l’EI et du Front Nosra, sans donc prévenir Damas, prête, à son corps défendant, à soutenir « tout effort international ».

Dénoncées par le Kremlin, exigeant « l’accord du gouvernement syrien », les frappes de la coalition sont perçues comme des « tentatives d’atteindre des buts géopolitiques en violant la souveraineté des gouvernements de la région ».

Dans un communiqué, le ministère russe des Affaires étrangères considère que « la lutte contre le terrorisme au Proche-Orient et dans le nord de l’Afrique nécessite des efforts coordonnés de l’ensemble de la communauté internationale sous l’égide de l’ONU ». Peine perdue. Des avions de chasse, des drones, des bombardiers et des missiles Tomahawk, tirés depuis des navires américains opérant dans les eaux internationales de la mer Rouge et du Golfe, selon le Pentagone, ont visé des sites d’entraînement, des centres de commandement, des bases, des dépôts et véhicules armés et des camions de ravitaillement dans les régions de Raqa (nord), le centre névralgique de l’EI, Deir Ezzor (nord-est), Hassaka (nord-est) et Boukamal (nord).

LG Algérie

Avec l’appui de cinq « nations partenaires » arabes du Golfe (Bahreïn, Qatar, Arabie saoudite, Emirats arabes unis) et la Jordanie, Washington légitime l’assaut par la nécessite de « mettre en échec une attaque imminente préparée par ce groupe contre les Etats-Unis et les intérêts occidentaux ». Le bilan est lourd : 120 combattants de l’EI et 300 blessés dont 100 grièvement transférés en Irak, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme. C’est fort à propos que le président américain, Barack Obama, a précisé que « la force de cette coalition démontre clairement au monde qu’il ne s’agit pas simplement du combat de l’Amérique », promettant de faire « tout ce qui est nécessaire » pour vaincre l’organisation de l’Etat islamique.

Les fondements légaux font défaut dans une guerre boudée par le partenaire français de premier choix en Irak, redoutant qu’elle ne profite à al Qaïda au regard de la faiblesse de l’opposition dite modérée, l’ALS (armée syrienne libre). Les réticences turques et le forcing occidental sur l’Iran illustrent la fébrilité de la coalition internationale qui, a contrario de la bataille contre l’EI en Irak, compte ses rares soutiens parmi ses « amis et partenaires » arrivés en renfort.

Larbi Chaabouni