Progressivement, la vérité s’impose sur qui utilise les armes chimiques dans cette guerre en Syrie.
Alors que la Grande-Bretagne, la France, un certain nombre de pays arabes, Israël et l’opposition syrienne affirment que les forces gouvernementales syriennes ont utilisé du gaz sarin contre leur propre peuple, Carla Del Ponte, qui appartient à la commission d’enquête indépendante de l’ONU sur les violences en Syrie, pointe, elle, la responsabilité des rebelles.
«Selon les témoignages que nous avons recueillis, les rebelles ont utilisé des armes chimiques, faisant usage de gaz sarin», a déclaré Mme Del Ponte, membre de la commission d’enquête de l’ONU sur les violations des droits de l’homme en Syrie, dans une interview à la radio suisse italienne. «Nos enquêtes devront encore être approfondies, vérifiées et confirmées à travers de nouveaux témoignages, mais selon ce que nous avons pu établir jusqu’à présent, pour le moment ce sont les opposants au régime qui ont utilisé le gaz sarin», a ajouté Mme Del Ponte, qui est également l’ancien procureur du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). Elle a expliqué que les recherches de la commission d’enquête de l’ONU, qui doit présenter ses observations aux prochaines sessions du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU en juin, sont loin d’être terminées. Elle a, par ailleurs, précisé que les enquêtes en cours pourraient aussi établir si le gouvernement de Bachar al-Assad a également utilisé ou non ce genre d’arme chimique.
Des révélations qui mettent encore une fois à mal l’opposition syrienne et qui ne manqueront pas de conforter la version du gouvernement syrien. D’autant que Damas n’a eu de cesse de rejeter les accusations portant sur l’utilisation de ce type d’arme. «La Syrie n’utilisera jamais (d’armes chimiques), pas seulement parce qu’elle respecte la législation internationale et les règles d’une guerre, mais en raison de problèmes humanitaires et moraux», avait déclaré au cours du mois écoulé, le ministre syrien de l’Information, Omrane al-Zohbi, en réponse aux accusations en parlant de «mensonge éhonté». Il avait en outre, dans son allocution, accusé l’Occident de vouloir répéter en Syrie le «scénario irakien» qui a mené à la chute de Saddam Hussein et la destruction de l’Irak, en prétextant la présence d’armes de destruction massive. Dans cet ordre d’idées, l’émissaire du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient, Mikhaïl Bogdanov, dont le pays soutient Damas, avait tenu à préciser que les informations relayées sur les armes chimiques ne doivent pas servir d’«alibi» pour une intervention militaire en Syrie.
R. I. / Agences