Syrie : La victoire sur Daech annoncée dans les prochains jours ?

Syrie : La victoire sur Daech annoncée dans les prochains jours ?

Une coalition arabo-kurde tente de prendre le dernier réduit de l’EI dans l’est de la Syrie. L’opération est ralentie par la présence de civils en nombre. La victoire sur le groupe djihadiste État islamique (EI) en Syrie sera annoncée « dans quelques jours », a déclaré hier un commandant de l’alliance arabo-kurde qui mène les combats dans l’est de la Syrie avec le soutien des États-Unis.

Les djihadistes sont désormais assiégés sur un réduit d’un demi-kilomètre carré, dans la zone du village de Baghouz, a indiqué lors d’une conférence de presse à la base d’Al-Omar ce commandant, Jia Furat. Vendredi, Donald Trump avait laissé entendre une victoire imminente en déclarant : «  Nous avons beaucoup d’annonces formidables en lien avec la Syrie et avec notre succès dans l’éradication du califat et cela sera annoncé dans les 24 heures.  »

L’opération ralentie par la présence de nombreux civils

De nombreux civils sont encore présents dans le dernier réduit du groupe État islamique (EI) qu’une coalition arabo-kurde tente de conquérir dans l’est de la Syrie, a annoncé un porte-parole de cette force soutenue par les États-Unis. «  Il y a toujours de nombreux civils à l’intérieur  » du réduit défendu par les djihadistes, a indiqué à l’Agence France-Presse Adnane Afrine, porte-parole des Forces démocratiques syriennes (FDS). «  Nous avons été surpris de voir des civils émerger des tunnels et de souterrains creusés par l’EI  », a précisé ce porte-parole dans la nuit de vendredi à samedi. «  Nous ne nous attendions pas à un tel nombre (…), c’est pour cela que (l’opération) a été ralentie, a-t-il ajouté.

Nous sommes en train de voir comment en finir avec ces tunnels, soit les sceller soit les faire exploser.  » Un autre porte-parole des FDS, Mustafa Bali, s’exprimant du champ pétrolier d’Al-Omar, a indiqué qu’il y avait «  encore des civils présents à l’intérieur de Baghouz  », le réduit que les djihadistes du groupe extrémiste continuent de défendre avec acharnement. «  Nous travaillons pour les faire sortir  », a précisé ce porte-parole. Selon lui, «  certains civils essaient de fuir le réduit, mais ils ne peuvent pas le faire  ». «  Une opération est en cours pour pousser les djihadistes à quitter le dernier repaire à l’intérieur de Baghouz qu’ils contrôlent encore  », a ajouté Mustafa Bali.

Deux mois d’offensive

Depuis le lancement en décembre de l’offensive des FDS pour éradiquer la dernière poche de ce «  califat  » synonyme de terreur, près de 40 000 civils ont fui la zone des combats. Parmi eux de nombreux membres des familles de djihadistes, dont des Français, des Allemands, des Russes, des Ukrainiens et de nombreux Irakiens, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. «  Il y a une scission entre les combattants djihadistes locaux et étrangers sur le terrain.

Les djihadistes locaux veulent abandonner tandis que les étrangers empêchent toute reddition  », a indiqué à l’Agence France-Presse Adnane Afrine. Parmi les combattants de l’EI encore présents dans la poche de l’EI, il y a encore des «  Irakiens, des Turcs et des Européens  » dont des Français, ainsi que des Égyptiens et des Libyens, selon ce porte-parole des FDS. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les FDS continuent de passer au peigne fin les vergers des alentours de Baghouz «  à la recherche de combattants de l’EI dissimulés dans des tunnels  ».

Des combattants dans des tunnels

«  La présence de l’EI est maintenant limitée à ces combattants dans les tunnels  », a indiqué l’OSDH. Environ 440 djihadistes se sont rendus au cours des deux derniers jours, selon cette ONG qui dispose d’un vaste réseau de sources dans la Syrie en guerre, mais ce chiffre n’a pas pu être confirmé auprès des FDS. «  Nous sommes en train de voir comment en finir avec ces tunnels, soit les sceller soit les faire exploser  », a expliqué Adnane Afrine.

Le porte-parole des FDS a par ailleurs affirmé que certains membres de cette force arabo-kurde avaient été pris «  en otage  » par les djihadistes, mais il n’a pas pu donner de chiffre. Les personnes sortant du réduit djihadiste sont fouillées et interrogées, à la recherche de djihadistes potentiels. Les civils sont ensuite envoyés dans des camps de déplacés dans le nord de la Syrie.

Les FDS ont précisé qu’elles tentaient également d’identifier les djihadistes morts. «  Nous prenons ces empreintes et les comparons avec les archives afin de voir d’où ils viennent  », selon Adnane Afrine. Le commandant des artilleurs français appuyant les forces kurdes et arabes engagés dans la lutte contre l’EI a affirmé dans un article que la victoire aurait pu être obtenue plus vite et avec moins de destructions si les Occidentaux avaient engagé des troupes au sol.

La bataille contre l’EI n’est qu’un des fronts de la guerre en Syrie qui a éclaté en 2011 après la répression par le régime de manifestations prodémocratie. Ce conflit s’est complexifié avec l’implication de groupes djihadistes et a fait plus de 360 000 morts.