Des chars et des véhicules de transport déployés à Lattaquié, des perquisitions à Homs : la mobilisation contre le régime reste vive en Syrie, en particulier pendant ce mois de ramadhan, qui voit tous les soirs des défilés pour la démocratie et la liberté à la sortie des mosquées après la prière des Tarawih.
Alors que le président syrien, Bachar El Assad, a reconnu les «erreurs de l’armée», la répression bat son plein pour tenter de mater la contestation qui s’est étendue à plusieurs villes du pays qui ont vu des milliers de Syriens défier Damas, en dépit du déploiement militaire massif dans les provinces de Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et Deir Ezzor (est).
C’est dire que le mouvement de contestation, durement réprimée (1.700 civils tués depuis le déclenchement des manifestations à la mi-mars), ne faiblit pas et fait peser de lourdes incertitudes sur le devenir d’un régime acculé et en proie à un isolement international de plus en plus marqué. Après le lâchage du Golfe, appelant à l’arrêt de «l’effusion du sang», la condamnation la Ligue arabe et les appels incessants des alliés, notamment russe et chinois, prônant l’urgence des réformes, le changement de ton de Washington laisse à penser que Damas se rapproche au mieux du scénario égyptien. La nouvelle approche américaine qui tend vers la constitution d’un consensus plus large prend la forme d’une invitation adressée aux partenaires commerciaux de la Syrie à prendre leurs distances. «Nous pressons les pays qui continuent à acheter du gaz et du pétrole syriens, les pays qui continuent à envoyer des armes à M. Assad (…) à se ranger du bon côté de l’Histoire», a déclaré La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton désignant nommément la Chine, l’Inde et la Russie. L’étau se resserre. Le Conseil de sécurité de l’ONU s’apprête ainsi à tenir une réunion spéciale jeudi 18 août consacrée aux droits de l’homme et à l’urgence humanitaire, selon des diplomates. L’heure de la transition a sonné. Le lancement du processus démocratique que la médiation turque avortée a voulu proche, 10 à 15 jours, selon les exigences d’Erdogan, n’a pas d’autre alternative pour sauver la Syrie du syndrome irakien.