Cette libération intervient au deuxième jour de mission des observateurs de la Ligue arabe…
Les autorités syriennes ont libéré 755 détenus incarcérés depuis le début de la révolte contre le président Bachar al Assad et qui «n’avaient pas de sang syrien sur les mains», a annoncé mercredi la télévision d’Etat Syria TV. Cette décision a lieu au lendemain de la visite des observateurs de la Ligue arabe à Homs, bastion de la contestation en Syrie.
La situation y est «rassurante jusqu’à présent» mais mérite de nouvelles enquêtes, a déclaré mercredi le chef des observateurs de la Ligue arabe.
«Tout était calme et il n’y a pas eu d’affrontements»
Les observateurs ont passé la journée de mardi dans cette ville du centre du pays où une manifestation aurait réuni au moins 70.000 personnes. «La situation semble rassurante jusqu’à présent», a dit le général Moustafa Dabi à Reuters. «Hier (mardi), c’était calme et il n’y a pas eu d’affrontements. Nous n’avons pas vu de chars mais nous avons bien vu quelque véhicules blindés», a-t-il dit. «Mais rappelez-vous qu’il s’agissait juste de notre premier jour et qu’il faudra enquêter davantage. Nous avons 20 personnes qui resteront longtemps sur place», a dit Moustafa Dabi.
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, les forces de sécurité ont tué 34 personnes lundi à Homs et six autres mardi. «Il y avait quelques endroits où la situation n’était pas très bonne. Mais il n’y avait rien d’effrayant, au moins lorsque nous étions là.», a dit Dabi. Mercredi, les habitants d’un quartier insurgé de Homs ont refusé de rencontrer les observateurs de la Ligue arabe restés sur place, en raison de la présence d’un officier de l’armée régulière accompagnant la délégation.
Les observateurs «ne semblent pas s’intéresser à la souffrance et à la mort»
Les observateurs, qui seront à terme 150, souhaitent déterminer si le président Bachar al Assad tient sa promesse de mettre en oeuvre le plan de paix de la Ligue arabe, qui l’engage à cesser la répression après neuf mois de manifestations. Les opposants craignent que les observateurs ne soient utilisés pour redonner un semblant de respectabilité à un régime qui aura à coeur de masquer l’ampleur des violences.
Des habitants du quartier de Baba Amr, particulièrement touché par les bombardements, reprochent aux observateurs de ne pas avoir été attentifs à leurs doléances. «J’ai l’impression qu’ils ne reconnaissent pas vraiment ce qu’ils ont vu», dit Omar, un habitant de Baba Amr. «Peut-être avaient-ils ordre de ne montrer aucune sympathie (envers les manifestants). Mais ils ne semblaient pas enthousiastes quand les gens racontaient ce qui leur était arrivé», ajoute cet activiste. «On avait l’impression de parler dans le vide. On plaçait nos espoirs dans la Ligue arabe. Mais ces observateurs n’ont pas l’air de comprendre comment fonctionne le régime, ils ne semblent pas s’intéresser à la souffrance et à la mort auxquelles les gens sont confrontés.»
Incidents mercredi avant les nouvelles visites de jeudi
Un habitant de Homs constate que «le seul point positif de leur visite, c’est que nous avons pu faire venir des vivres dans le quartier et dans d’autres zones».
Rami Abdelrahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, a confirmé la déception des habitants de Baba Amr mais jugé que la mission devait se poursuivre. «Ils doivent leur laisser une chance avant d’émettre des jugements, pas trop longtemps mais suffisamment pour faire une enquête. On ne peut pas les juger sur la base du premier jour», a-t-il dit.
Les observateurs souhaitent se rendre jeudi à Hama, Idlib et Deraa, autres foyers de la contestation, a annoncé leur chef Moustafa Dabi à Reuters. Mercredi, des fusillades ont éclaté dans la ville de Hama, selon des images diffusées par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira. Ces images montrent un panache de fumée noire s’élever au-dessus de la ville, où plusieurs dizaines de personnes ont défilé en criant « nous sommes les observateurs arabes ».