La Ligue arabe donne jusqu’à mercredi à la Syrie pour autoriser la présence d’observateurs sur son territoire, sinon l’organisation panarabe envisagera de demander au Conseil de sécurité des Nations unies d’intervenir pour faire faire cesser la répression contre les opposants du régime, a annoncé samedi le premier ministre du Qatar
Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se retrouveront mercredi au Caire, en Égypte, pour une réunion « décisive et importante » au cours de laquelle ils décideront des prochaines étapes, a indiqué Hamad ben Jassem Al-Thani.
La démarche auprès de l’ONU est destinée à « faire adopter les décisions arabes plutôt que d’autres », a-t-il ajouté, en référence à une proposition de résolution de la Russie, jugée insuffisamment sévère envers Damas par plusieurs pays occidentaux.
Le premier ministre qatari a justifié cette démarche par ce qu’il a qualifié de « tergiversations de la Syrie ». En l’« état actuel, il n’y a pas le moindre espoir pour sortir de la crise », a-t-il souligné.

Dans le même temps, une délégation irakienne s’est rendue samedi à Damas pour tenter une médiation. Son chef, Falah al-Fayyad, a déclaré avoir eu des « discussions positives » avec le président syrien Bachar Al-Assad. La délégation irakienne compte proposer mercredi au Caire son propre projet pour résoudre la crise
Autre journée sanglante
Les violences se sont poursuivies samedi en Syrie. L’Observatoire syrien des droits de l’homme, situé au Royaume-Uni, a rapporté que les forces de sécurité avaient abattu au moins 20 personnes, la plupart dans la province centrale de Homs, une région qui a été témoin d’importantes manifestations depuis le début du soulèvement contre le président Assad en mars.
Un autre groupe d’activistes, les Comités de coordination locale, a annoncé la mort de 34 personnes, incluant huit déserteurs de l’armée. L’organisme n’a pas précisé où ces déserteurs avaient été tués, mais il y a eu des rapports faisant état d’accrochages dans la province d’Idlib, au nord-ouest.
Les Nations unies attendaient des nouvelles de la Ligue arabe avant d’accélérer les procédures entourant l’adoption d’une résolution contre la Syrie. Un signal clair des voisins arabes de la Syrie pourrait apaiser l’opposition russe et chinoise quant à l’imposition de sanctions. Ces deux États disposent d’un veto au Conseil de sécurité.
Le plan arabe exige de la Syrie qu’elle cesse les violences contre sa population, organise des négociations avec l’opposition et permette à des observateurs arabes d’entrer au pays pour s’assurer que le pays respecte sa parole. La Ligue arabe ne demande cependant pas d’intervention militaire, semblable à celle qui a eu lieu en Libye.
Le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Elaraby, a précisé que le point d’achoppement avec la Syrie était une formulation dans le plan qui demande la protection des « civils syriens ».
Damas veut faire modifier le plan pour qu’on y lise plutôt « les citoyens syriens », prétextant que des membres des forces de sécurité sont également victimes des violences
Les violences ont fait plus de 5000 morts en neuf mois selon une estimation de l’ONU.
Dans le même temps, le Conseil national syrien (CNS), qui représente la majorité des courants d’opposition au régime de Damas, tient depuis vendredi un congrès en Tunisie. Ses membres discutent à huis clos de l’organisation de l’opposition dans le but d’accélérer la chute de Bachar Al-Assad.
C’est d’ailleurs en Tunisie, il y a un an, qu’un jeune marchand de fruits et de légumes s’immolait par le feu pour dénoncer les conditions de vie économiques et sociales dans le pays. Des milliers de personnes se sont rassemblées à Sidi Bouzid samedi pour rendre hommage à celui qui, par son geste désespéré, a déclenché le soulèvement populaire qui a donné naissance au printemps arabe.