Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a jugé mercredi que l’offensive de l’armée syrienne épaulée par des frappes russes mettait en péril le processus politique amorcé sur le conflit en Syrie, le jour de la suspension des discussions inter-syriennes à Genève.
« La poursuite de l’assaut des forces du régime syrien — renforcées par les frappes russes — contre des zones tenues par l’opposition (…) a clairement montré le désir de chercher une solution militaire plutôt que de permettre une solution politique », a accusé dans un communiqué M. Kerry, actuellement à Londres, à l’adresse de Moscou et de Damas.
« Nous appelons le régime et ceux qui le soutiennent à arrêter leurs bombardements sur des zones tenues par l’opposition, en particulier à Alep », a exigé le chef de la diplomatie américaine.
Il a encore exhorté Damas et Moscou à « remplir leurs obligations et (à) rétablir la confiance de la communauté internationale quant à leur désir d’oeuvrer à une résolution pacifique de la crise syrienne ».
Plus tôt à Washington, le département d’Etat avait même accusé l’armée russe et les frappes qu’elle effectue d’être « en partie » responsables de la suspension de discussions indirectes inter-syriennes qui venaient de s’amorcer à Genève, sous l’égide de l’ONU.
Dans un communiqué virulent, le porte-parole de M. Kerry, John Kirby, avait dénoncé des bombardements russes autour de la ville d’Alep « visant presque exclusivement » les groupes d’opposition syriens et des civils, plutôt que « Daech (acronyme en arabe de l’EI), l’ennemi commun de toute la communauté internationale ».
« C’est extrêmement difficile d’imaginer comment des frappes contre des cibles civiles pourraient contribuer de quelque manière que ce soit au processus de paix sur lequel on essaie de travailler », avait fustigé M. Kirby.
« La résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’ONU (texte du 18 décembre consacrant un processus diplomatique sur la Syrie, NDLR), que les Russes ont votée, appelle le régime (syrien) et toutes parties à mettre fin aux bombardements et aux attaques contre des civils », avait-il martelé.
Ces frappes doivent cesser « non pas au bout du compte, mais immédiatement, non pas bientôt, mais maintenant », s’était insurgé le porte-parole.
« Le représentant spécial de l’ONU Staffan de Mistura a suspendu les discussions aujourd’hui à Genève en partie en raison de la difficulté à trouver une solution politique alors que l’aide humanitaire est constamment entravée et que des vies innocentes sont perdues », a encore argumenté John Kirby.
Plombées par un fossé insurmontable entre les belligérants et la poursuite sur le terrain d’une guerre sans merci, les discussions de paix sur la Syrie organisées à Genève ont été suspendues jusqu’au 25 février par l’ONU, qui s’est refusée à parler d’ »échec » et a renvoyé la balle aux grandes puissances.
Les Etats-Unis et la Russie, représentés par leurs ministres des Affaires étrangères John Kerry et Sergueï Lavrov, sont les grands artisans du processus diplomatique sur le conflit syrien.
Après des réunions à Vienne et à New York à la fin de l’année dernière, les puissances mondiales et régionales doivent se retrouver le 11 février à Munich pour faire état des avancées des efforts politiques sur la guerre en Syrie qui a fait quelque 260.000 morts et des millions de réfugiés en près de cinq ans.(Afp)