Après deux jours de dialogue de sourds, les négociations sur le conflit syrien entre opposition et gouvernement étaient hier, dans l’impasse à Genève, un ministre à Damas les jugeant en l’état «vouées à l’échec».
C’est à partir de Damas que le ministre syrien de la Réconciliation nationale, Ali Haïdar, a expliqué à l’AFP que les négociations en cours à Genève pour trouver une issue à ce conflit étaient «vouées à l’échec en l’état actuel des choses». Selon lui, le gouvernement syrien a décidé de participer à la conférence de Genève notamment «pour briser un blocus politique et médiatique qui dure depuis trois ans».
Et toujours selon le ministre, l’opposition s’est, elle, rendue à la conférence pour «gagner en légitimité». Interrogé sur une élection présidentielle en Syrie, M. Haïdar a indiqué que, selon la Constitution, elle devait se tenir en juin et que «en cas de situation d’urgence» une disposition constitutionnelle fixait la démarche à suivre.
«Aujourd’hui a encore été une journée perdue parce que les représentants de la coalition (ndlr: de l’opposition) insistent sur le fait qu’il n’y a pas de terrorisme en Syrie et ils ne veulent pas en discuter», a affirmé le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Faysal Mokdad.
Les deux délégations se sont bien assises à la même table hier, mardi, avec le médiateur, mais chacune a maintenu ses priorités, la lutte contre le terrorisme pour le gouvernement et pour l’opposition avancer vers l’autorité gouvernementale de transition demandée par les grandes puissances dans Genève I en 2012. Le médiateur de l’ONU, Lakhdar Brahimi, a admis que ce nouveau cycle de discussions était aussi «laborieux» que le premier, en janvier, mettant face à face pour la première fois en trois ans de conflit des représentants du gouvernement syrien et d’une partie de l’opposition.
«Le début de cette semaine a été aussi laborieux que cela avait été (dans le passé). Nous n’accomplissons pas beaucoup de progrès», a-t-il dit aux journalistes. Il a assuré «avoir des tonnes de patience» mais «le peuple syrien n’a pas cette patience et nous lui devons d’accélérer», a-t-il ajouté.
M. Brahimi a appelé «tout le monde à faire de ce processus une réalité et à aider la Syrie à sortir de ce cauchemar que son peuple vit depuis presque trois ans», visant, au delà des belligérants, la communauté internationale, et en premier lieu les co-parrains de la conférence, la Russie et les États-Unis.
Les discussions doivent se poursuivre jusqu’à vendredi, jour d’une réunion trilatérale de M. Brahimi avec ces deux derniers, représentés par le vice-ministre russe, Guennadi Gatilov, et la Secrétaire d’Etat adjointe américaine, Wendy Sherman.
La semaine prochaine, M. Brahimi doit aller rendre compte à New York au secrétaire général de l’ONU et au Conseil de sécurité.
R. I. / AFP
La note positive de la journée d’hier
Hier, mardi, les opérations humanitaires dans la ville de Homs ont été la seule note relativement positive relevée par M. Brahimi, même si elles ont été suspendues pour une journée, pour des questions logistiques, selon les autorités locales.
«Homs peut être appelé un succès», a-t-il estimé après l’évacuation de plus de 1 200 civils des quartiers assiégés et le ravitaillement fourni par l’ONU aux populations bloquées depuis 2012. M. Brahimi a souligné que beaucoup d’autres zones assiégées attendent toujours une aide humanitaire et a salué le courage du personnel de l’ONU et des volontaires du Croissant-Rouge syrien «qui ont pris beaucoup de risques» dans cette opération réalisée alors que les tirs ont continué. «La voiture du représentant de l’ONU en Syrie a été totalement détruite alors qu’il se trouvait à l’intérieur», a-t-il relevé.