Des combattants du groupe Jabhat al-Nosra, proches d’al-Qaida en Irak, ont expulsé les loyalistes de la base de Cheikh Souleimane, près d’Alep.
C’est une première, et elle est lourde de conséquences. Les djihadistes du groupe Jabhat al-Nosra se sont emparés lundi de la base Cheikh Souleimane, dernière place forte de l’armée syrienne à l’ouest d’Alep.
Le régime subit là un nouveau revers dans cette région nord, frontalière de la Turquie, qui lui échappe en grande partie. Mais au-delà, c’est aussi un coup dur asséné aux déserteurs de l’Armée syrienne libre (ASL), qui ne parviennent pas à réduire l’influence des djihadistes étrangers, parvenus en Syrie au cours des six derniers mois. «Nous nous sommes fait doubler», a reconnu auprès de l’AFP une source de l’ASL.
Des vidéos mises en ligne par des militants ont montré ses combattants progresser dans la base désertée en brandissant l’étendard des djihadistes, le drapeau noir frappé de la profession de foi musulmane. Ils affirment appartenir au bataillon al-Mouhajirine, une brigade islamiste liée à Jabhat al-Nosra.
Cette avancée est une nouvelle preuve de la capacité de nuisance du groupe Jabhat al-Nosra, apparu en début d’année avec les premiers attentats contre des sites des services de sécurité syriens, et qui depuis n’a cessé de durcir ses actions.
Un sérieux danger pour l’avenir de la Syrie
Jabhat al-Nosra est une émanation d’al-Qaida en Irak, d’où viennent certains de ses membres, qui se sont aguerris au combat pendant les années de lutte contre les soldats américains occupant l’ancienne Mésopotamie, mais aussi contre les chiites, l’autre cible des djihadistes. Jabhat al-Nosra représente un sérieux danger pour l’avenir de la Syrie. Déterminés, bien armés, disposant notamment d’artificiers qui préparent les explosifs utilisés dans leurs attentats, les militants de Jabhat al-Nosra, étrangers pour la plupart, l’affirment clairement: leur but ne se limite pas au départ de Bachar el-Assad. Ils combattent également pour instaurer un califat islamique dans la Syrie de demain.
Au moment où leurs rivaux nationalistes de l’ASL progressent dans l’unification des rebelles sur le terrain, la conquête de la base de Cheikh Souleimane par des djihadistes est un nouveau défi posé aux autres révolutionnaires, et à la communauté internationale qui les soutient.
Pour réduire précisément son influence, les États-Unis envisagent d’inscrire Jabhat al-Nosra sur la liste des groupes terroristes. Mais sur le terrain, nombre de rebelles, déçus par l’inaction occidentale face à la répression du régime à leur encontre, n’hésitent pas à sympathiser avec les radicaux de Jabhat al-Nosra, les plus virulents dans le combat contre «le pouvoir impie» de Bachar el-Assad.