– Si l’Occident maintient son refus d’envoyer des armes en Syrie pour combattre les forces du président Bachar al-Assad, des rebelles d’Alep (nord) ont menacé d’avoir recours à Al-Qaîda pour obtenir de l’aide.
«Nous ne voulons pas d’Al-Qaïda ici, mais si personne ne nous aide, nous ferons alliance avec eux», lance, Abou Ammar, un commandant rebelle de Bab al-Nasr. «Je vous parie que si ces combattants viennent, ils se livreront à un lavage de cerveau des habitants et que s’ils entrent à Alep, la ville deviendra leur base en trois mois», ajoutera-t-il. «Nous sommes vraiment mécontents. Le peuple syrien a encore de l’affection pour les pays européens, mais si cela continue, il les haïra», lâche encore l’officier rebelle.
Ces derniers mois, des rapports ont fait état de l’arrivée en Syrie de nombreux jihadistes par la Turquie, mais combattants et experts ont affirmé qu’Al-Qaïda n’était pas présente comme une force organisée. Reste que des experts ont noté que si Al-Qaïda n’était pas présente en tant qu’organisation sur le terrain, certains groupes commençaient à utiliser ses méthodes, à l’image du double attentat suicide à la voiture piégée qui a fait 55 morts en mai à Damas.
Même si les rebelles sont divisés sur le sujet, certains semblent désormais prêts à un pacte avec les groupes les plus radicaux. Déjà, en juillet à Alep, un journaliste de l’AFP a rencontré des combattants arabes, dont des Saoudiens, à un poste-frontière entre la Turquie et la Syrie. Un avocat turc poursuivi dans son pays pour des liens supposés avec Al-Qaîda, Osman Karahan, avait d’ailleurs été tué dans des combats à Alep. «Le principal objectif est d’arrêter l’effusion de sang à Alep. Si ni l’Occident, ni les Arabes ne nous aident, nous demanderons à Al-Qaïda d’arrêter ce bain de sang », déclare Baraa al-Halabi, un militant d’Alep, tout en assurant que ce type d’alliance ne peut être que provisoire. «A la fin, il reviendra aux habitants d’Alep de décider de leur avenir. Et le peuple qui s’est levé et a combattu un dictateur tel que Bachar al-Assad, pourra ensuite aussi combattre Al-Qaïda», estime-t-il. En févier, le chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, avait ouvertement appuyé la révolte syrienne. Ainsi et selon des experts, plus le conflit traînera en longueur, plus il risque de se radicaliser. Rappelons que depuis le début de la révolte en mars 2011, M. Assad affirme combattre un complot ourdi par l’étranger et une insurrection islamiste de «groupes terroristes armés».
R. I. / Agences