Syrie : Bachar refuse de partir et menace d’utiliser des armes chimiques

Syrie : Bachar refuse de partir et menace d’utiliser des armes chimiques

C’est pratiquement la guerre en Syrie où le régime du président Bachar Al Assad, pressé par les pays de la Ligue arabe d’abandonner le pouvoir et ouvrir la voie à un règlement négocié et pacifique de la crise, a refusé cette solution et s’est dit prêt à utiliser ses armes chimiques en cas d’agression étrangère.

La sortie «honorable» proposée par la Ligue arabe à Bachar Al Assad, après une réunion urgente, tenue à Doha, dimanche dans la soirée, avec la participation du ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci, ne semble pas avoir trouvé écho à Damas où les combats font rage entre opposants et militaires.

A l’issue de leur réunion, les pays de la Ligue arabe ont appelé le président syrien à céder le pouvoir pour s’offrir une sortie «sûre» du pays, a annoncé le Premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassam Al-Thani. «Il y a une entente sur une démission rapide du président Bachar Al-Assad pour une sortie sûre (…). Il est appelé à renoncer rapidement au pouvoir en échange d’une sortie sûre», a déclaré cheikh Hamad. Ce dernier a appelé dans la foulée l’opposition et l’Armée syrienne libre (ASL) à mettre rapidement en place un gouvernement de transition. «L’opposition et l’ASL sont appelées à former un gouvernement d’unité nationale», a précisé cheikh Hamad, en rendant compte des résultats des réunions ministérielles arabes. Il a appelé le président Assad à prendre une décision «courageuse» pour sauver son pays. «Il peut arrêter les destructions et les tueries en prenant une décision courageuse», a-t-il dit. La proposition de pays membres de la Ligue arabe au président syrien, de quitter le pouvoir et de partir avec les membres de sa famille et éviter au pays un bain de sang et une catastrophe humanitaire, avec des perspectives angoissantes pour l’avenir de la Syrie, a été catégoriquement refusée par le pouvoir syrien.

«La Syrie a rejeté lundi la proposition de la Ligue arabe, d’un départ négocié du président Bachar al-Assad et de sa famille», a affirmé à Damas le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdessi. «Nous sommes désolés que la Ligue arabe se soit abaissée à ce niveau, envers un pays membre de cette institution. Cette décision revient au peuple syrien qui est le seul maître de son sort», a-t-il dit. Et, face à ce qui semblerait être des préparatifs pour des frappes militaires contre la Syrie, Damas a prévenu contre une telle éventualité, annonçant que la riposte se fera avec des armes chimiques. La Syrie «usera de ses armes chimiques en cas d’agression étrangère», a averti Jihad Makdessi. «Aucune arme chimique ou non conventionnelle ne sera utilisée contre nos propres citoyens (…), ces armes ne seront utilisées qu’en cas d’agression étrangère», a affirmé M. Makdessi, lors d’une conférence de presse à Damas. Les armes chimiques «ne seront jamais, jamais, utilisées contre nos citoyens, quelle que soit l’évolution de la crise», a-t-il ajouté. «Ces différentes armes sont stockées et sécurisées sous la supervision des forces armées et ne seront utilisées que dans le cas où la Syrie ferait face à une agression extérieure», a assuré le porte-parole.

Cet avertissement intervient en réaction à une déclaration de Washington, mettant en garde Damas sur «son arsenal d’armes chimiques», estimant que «les membres du régime de Bachar Al-Assad devraient rendre des comptes s’ils n’en assuraient pas la sécurité».

BATAILLES A DAMAS ET ALEP

Sur le plan local, les combats et les massacres de civils continuent. Dimanche, au moins 23 personnes ont été «exécutées sommairement» par balles, par les forces régulières durant des raids dans les quartiers de Damas, certains portant des marques de torture, indique lundi l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). «Seize personnes, âgées en majorité de moins de 30 ans, ont été exécutées sommairement par balles, dimanche à Mazzé, durant des perquisitions des troupes gouvernementales», dans l’ouest de la capitale, a indiqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH, sans être en mesure d’affirmer s’il s’agissait de civils ou de rebelles. Sept autres ont été exécutées à Barzé (nord-est), a-t-il indiqué. Par ailleurs, la bataille pour le contrôle de la capitale se poursuit, dans différents quartiers de Damas, ainsi que dans la ville d’Alep. Les combats étaient intenses à Damas et Alep, alors que des bombardements de l’armée visaient la ville de Homs qui fait sédition contre le régime d’Al Assad.

Selon un bilan provisoire, les violences ont fait 123 morts dimanche, 67 civils, 34 soldats et 22 opposants. Depuis le début de la «révolution» syrienne, il y a 16 mois, les violences ont fait plus de 19.000 victimes, pour la plupart des civils, femmes et enfants. Sur le plan diplomatique, l’Union européenne a décidé lundi, de renforcer ses sanctions contre la Syrie et les contrôles de l’embargo sur les armes afin d’augmenter la pression sur le régime de Bachar Al-Assad.

Les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont adopté en marge d’une réunion à Bruxelles, un 17ème train de sanctions qui ajoute 26 personnes et 3 nouvelles sociétés à la liste noire de l’UE, des interdictions de visa et des gels d’avoirs, a annoncé l’Union européenne.