L’étau se resserre sur le régime de Damas. Deux décisions (sanctions), prises quasi simultanément, viennent accabler davantage un Bachar Al Assad plus que jamais isolé. Alors que l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a suspendu l’adhésion de la Syrie, le Conseil de sécurité de l’ONU a résolu, de son côté, de ne pas prolonger le mandat de la Misnus qui arrive à terme dimanche.
Jusqu’au-boutiste, Bachar Al Assad ne se rend pas à la raison. Il poursuit de livrer la guerre à son peuple. Une guerre qui a retrouvé son intensité dans la capitale Damas où rebelles et armée régulière se sont affrontés vendredi près de l’aéroport. Le régime de Damas, qu’aucune médiation n’est arrivée à convaincre de revenir de sa folie guerrière, ne rechigne pas sur les moyens. Il maintient ses bombardements intensifs et sans discernement sur notamment Alep, la seconde ville du pays, où la résistance est plus conséquente et mieux organisée. Le cessez-le-feu tant souhaité par les Nations unies, la Ligue arabe et toutes les organisations qui se sont senties interpellées par le conflit syrien s’éloigne de plus en plus. Un enlisement qui a poussé le Conseil de sécurité de l’ONU à ne pas proroger le mandant de la mission d’observation pour la Syrie (Misnus) mais qui a incité, quelques jours auparavant, le chef de la médiation onusienne Kofi Annan à jeter le tablier. Le désengagement onusien de la crise syrienne n’est cependant pas total, puisque, comme solution de rechange, l’organisation internationale, appuyée par la Ligue arabe, a retenu de maintenir un bureau de liaison à Damas et d’en nommer tout de même un médiateur, en la personne de l’ancien ministre des Affaires étrangères algériennes Lakhdar Brahimi. Ce dernier, après une courte hésitation, aurait donné son aval pour tenter quelque chose dans la crise syrienne. Cela alors que l’Organisation de la conférence islamique (OCI) a décidé mercredi de suspendre l’adhésion de la Syrie. Une résolution à laquelle a travaillé ardemment l’Arabie saoudite, pays hôte du sommet de l’OCI. L’Iran, membre de l’organisation, s’est, sans surprise, opposé à cette résolution. En revanche, l’Algérie a affiché son plein soutien. La Syrie a vite réagi à cette sanction. Le chef de la diplomatie syrienne n’a pas hésité un seul instant à accuser les États-Unis d’être derrière ce qu’il a appelé «une conspiration». La Syrie s’en est prise aussi bien à l’OCI qu’à la Ligue arabe accusées elles-mêmes de faire le jeu des Américains. Une détérioration des rapports qui ne laisse à Bachar Al Assad que de menus mais jusque-là prépondérants soutiens. L’Iran, et le duo sino-russe qui, à deux reprises, ont agi pour faire capoter une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU, laquelle pouvait ouvrir l’espace à une intervention militaire internationale. Mais à bien y voir dans les derniers développements survenus, une telle option n’est pas définitivement écartée. Les Américains ne perdent pas espoir de faire changer d’avis aux Russes. Quant aux Français, ils axent, notamment depuis la sortie de Nicolas Sarkozy qui a reproché à son successeur à l’Elysée, François Hollande, d’être timoré dans son approche de la crise syrienne, sur une diplomatie offensive. Laurent Fabius se trouve en tournée dans les pays voisins de la Syrie.
S. A. I.