De violents combats faisaient rage ce samedi à Alep, capitale économique de la Syrie, où des insurgés ont tenté de s’emparer du bâtiment de la télévision d’Etat avant d’être repoussés.
Ces violences surviennent au lendemain d’un vote de l’ONU déplorant l’impuissance de la diplomatie pour arrêter ce conflit. L’Assemblée générale de l’ONU a en effet adopté hier vendredi à une large majorité une résolution non contraignante déplorant notamment l’impuissance du Conseil de sécurité sur le dossier syrien, dans une critique implicite envers Moscou et Pékin qui y ont bloqué tous les projets de résolution condamnant le régime de Bachar al-Assad.
L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitali Tchourkine, dont le pays est le plus fidèle soutien de Damas avec l’Iran et la Chine, a répondu en affirmant que cette résolution à l’Assemblée apportait un «soutien flagrant» à l’opposition armée. «Derrière la façade de la rhétorique humanitaire se cache un soutien flagrant à l’opposition armée syrienne» de la part de pays «qui arment et financent» cette opposition et lui fournissent des «mercenaires», a-t-il dit dans une allusion aux pays du Golfe et notamment à l’Arabie saoudite à l’origine de cette résolution soutenue par les Etats-Unis et les Européens. Face à l’échec de la diplomatie ayant conduit le médiateur Kofi Annan à jeter l’éponge et le chef de l’ONU Ban Ki-moon à qualifier le conflit de «guerre par procuration», Paris veut profiter ce mois-ci de sa présidence du Conseil de sécurité pour concentrer les efforts internationaux sur l’aide humanitaire, a affirmé l’ambassadeur de France à l’ONU, Gérard Araud, en mettant en garde Moscou contre un «désastre final». Sur le terrain, les violences n’ont jamais cessé, notamment à Alep, ville stratégique du Nord et le théâtre d’une bataille acharnée pour son contrôle depuis deux semaines, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) qui a rapporté la mort vendredi de 84 personnes, dont 46 civils, à travers le pays. Des combats faisaient rage samedi à Salaheddine et Seif al-Dawla, deux quartiers de l’ouest tenus par les rebelles, qui disent contrôler la moitié de la deuxième ville du pays (355 km au nord de Damas), selon l’OSDH. Après des opérations audacieuses leur ayant permis ces derniers jours de s’emparer de commissariats, les rebelles se sont lancés samedi avant l’aube à l’assaut du bâtiment de la télévision d’Etat d’Alep, autour duquel ils ont posé des explosifs avant d’être bombardés par l’aviation et de se retirer, selon l’OSDH.
L’agence officielle Sana a confirmé l’attaque, rapportant que «les terroristes ont attaqué des civils et le bâtiment mais les soldats l’ont défendu». A Damas, la capitale où subsistent des poches de résistance, des combattants retranchés dans le quartier de Tadamoun (sud) se trouvaient sous un déluge de feu de l’armée, selon l’OSDH. L’agence syrienne a affirmé que l’armée avait tué et arrêté «un grand nombre de terroristes» dans ce quartier.
R. I. /Agences
Un présentateur de la TV d’Etat tué
Un présentateur de la télévision d’Etat syrienne Mohammad al-Saïd, enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, a été exécuté, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). «Une figure connue de la télévision d’Etat syrienne a été exécuté et le Front al-Nosra a revendiqué la responsabilité de ce meurtre», a affirmé ce samedi à l’AFP le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Un communiqué d’al-Nosra confirmait hier le rapt et l’exécution. Cependant, le directeur le télévision officielle, Maan Saleh, a indiqué ne pas avoir de «preuves matérielles sur la véracité de sa mort».