Le président syrien Bachar al-Assad a promulgué jeudi un décret autorisant le multipartisme, accédant ainsi à l’une des principales revendications du mouvement de contestation, dont la répression sanglante a suscité la condamnation du Conseil de sécurité de l’ONU.
« Le président Assad a promulgué jeudi un décret présidentiel sur la loi des partis », a rapporté l’agence officielle Sana. Ce décret, qui reprend un projet de loi adopté le 24 juillet par le gouvernement, permet de rendre la mesure applicable immédiatement, sans attendre un vote du Parlement.
Le texte fixe les conditions de création et de fonctionnement de nouveaux partis, qui ne devront pas reposer sur des bases religieuses ou tribales, ni être issus d’une organisation non syrienne. Ils ne devront comporter aucune formation militaire ou paramilitaire, et leurs principes, objectifs et financement devront être clairement établis, a précisé Sana.
Dans l’immédiat, ces éventuels nouveaux partis devront cependant évoluer dans l’ombre du parti Baas, qui détient les rênes du pouvoir depuis 1963 et auquel la Constitution garantit le statut de « dirigeant de l’Etat et de la société ».
La fin de la toute-puissance du parti Baas était l’une des principales revendications du mouvement de contestation engagé mi-mars en Syrie, avec la libération des prisonniers politiques et la levée de l’état d’urgence, obtenue en avril.
Déclaration du Conseil de Sécurité
Mercredi soir, après des semaines de blocage, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une déclaration — mais pas une résolution — qui « condamne les violations généralisées des droits de l’Homme et l’usage de la force contre les civils par les autorités syriennes ».
Le texte ne fait aucune référence à une enquête du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU sur la répression, comme l’avaient demandé plusieurs pays européens, mais il exige en revanche que les responsables de la répression, qui a déjà fait plus de 1.600 morts selon les organisations de défense des droits de l’Homme, « rendent des comptes ».
Parallèlement, les Etats-Unis ont haussé le ton en affirmant chercher de nouveaux moyens de pression sur M. Assad, qu’ils estiment pas « indispensable » pour la stabilité de la région.