Syrie , arrivée des observateurs de la Ligue arabe ,La Ligue arabe sur le front de Homs

Syrie , arrivée des observateurs de la Ligue arabe ,La Ligue arabe sur le front de Homs

C’est en se rendant à Homs, le principal bastion de la rébellion, que la délégation des observateurs de la Ligue arabe a commencé hier sa mission en Syrie.

Après avoir cherché à anéantir, au prix d’intenses combats les jours précédents, l’insurrection qui dure dans cette ville depuis environ neuf mois, le régime avait fait retirer, peu avant la visite, une dizaine de chars et véhicules blindés du quartier de Bab Amro, le cœur battant de l’opposition a rapporté Libération. Une façon de montrer qu’il contrôle la situation et que la vie dans cette grande cité de près de 2 millions de personnes y est relativement normale. Echec. Des dizaines de milliers d’habitants se sont aussitôt précipités à la rencontre des observateurs pour témoigner de la répression qui, la veille, a encore tué une trentaine de personnes.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, ce sont 70.000 protestataires qui ont alors défilé dans le centre-ville, défiant les forces de sécurité qui ont tiré sur eux des gaz lacrymogènes et même des balles réelles. Selon la même organisation basée à Londres, six personnes ont même été tuées pendant cette journée, et une quinzaine sur l’ensemble du territoire syrien. La mission de la délégation de la Ligue arabe fait partie d’un plan de sortie de crise qui prévoit l’arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l’armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. La première étape, après la signature du protocole, est de déterminer si Bachar al-Assad tient ses promesses de chercher un plan de paix qui mettrait fin à une contestation qui prend de plus en plus la forme d’une insurrection armée, voire d’une guerre civile risquant de déstabiliser toute la région. De sa réussite dépend la crédibilité de l’organisation, qui compte 22 membres, voire sa légitimité. Celles-ci ont déjà été affectées par les révolutions arabes et la crise libyenne qui a vu l’intervention de l’Otan. D’où sa hantise qu’un scénario identique se rejoue en Syrie.

Mais le choix du chef de délégation prête déjà à controverses. Il s’agit d’un officier soudanais, le général Moustapha al-Dabi. Le Soudan, même s’il a voté, sans doute sous la pression de l’Arabie Saoudite, pour que la Syrie soit suspendue de la Ligue arabe, est considéré comme proche de Damas. Son président, Omar el-Béchir, est lui-même accusé par la Cour pénale internationale de «crime de guerre, crime contre l’humanité et génocide» dans le cadre de la guerre civile au Darfour, où précisément a servi le général Moustapha al-Dabi. Les observateurs de la Ligue arabe, bien prudents semble-t-il, sauront-ils prendre en compte toute l’ampleur de la répression, dont Washington a souligné hier soir qu’elle s’était intensifiée avant l’arrivée de ces derniers ? L’opposition, qui avait souhaité l’intervention de la Ligue arabe, commence à en douter.

Ce qui étonne, c’est la stratégie du régime d’Al-Assad qui, après avoir refusé pendant des mois une mission d’enquête de la Ligue arabe, a fini par l’accepter, ce qui risque de lui porter préjudice sur la scène internationale si le rapport des enquêteurs se révèle honnête. Il semble donc parier sur le fait que celui-ci sera biaisé.

C’est sans doute aussi dans ce cadre qu’il faut décrypter les attentats commis vendredi, peu avant l’arrivée des observateurs, contre les services de sécurité du régime. Pour les autorités, il s’agissait des Frères musulmans, qui ont démenti. Pour l’opposition, il s’agit d’une «mise en scène du régime». Malgré tout, le régime syrien apparaît de plus en plus isolé. Un coup dur lui a été porté par le mouvement islamiste Hamas palestinien qui vient de prendre la décision stratégique de rejoindre l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) sous la direction de Mahmoud Abbas, et a décidé de déplacer son quartier général hors du pays.

Par : R. I.