Le délai fixé par les Etats-Unis pour décider si les discussions visant à placer sous contrôle international l’arsenal chimique de la Syrie ont des chances d’aboutir est irréaliste, a estimé, ce samedi, un important député russe.
«L’exigence des Etats-Unis disant que les armes chimiques doivent passer sous contrôle international en deux ou trois semaines n’est tout simplement pas professionnel», a déclaré Alexeï Pouchkov, chef de la commission des Affaires étrangères au Parlement russe. «En Syrie, il y a au moins 42 points de stockage de ces armes, et certains se trouvent dans des zones de combat», a-t-il ajouté.
Des déclarations qui interviennent alors qu’il est prévu qu’Américains et Russes reprennent, ce samedi, à Genève leurs pourparlers sur l’arsenal chimique syrien, entrés dans une phase «décisive», sous la pression des Nations unies qui ont accusé, hier, vendredi, le régime de Damas «de nombreux crimes contre l’humanité». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a jeté, vendredi, une ombre sur ces négociations ouvertes la veille en Suisse en affirmant que le rapport des experts de l’ONU «va conclure de manière accablante» à l’utilisation d’armes chimiques en Syrie, sans en attribuer directement la responsabilité au régime syrien. Mais il a clairement accusé le président Bachar El Assad d’avoir «commis de nombreux crimes contre l’humanité» et s’est dit «persuadé que les responsables rendraient des comptes quand tout cela sera fini». Ban Ki-moon a également dit «partager» le scepticisme de la communauté internationale sur la volonté de Damas de démanteler son arsenal chimique sous supervision internationale, comme l’a proposé Moscou. «Il est donc important que les autorités syriennes appliquent ce qu’elles ont dit de manière sincère et exacte» afin de prouver leur bonne foi, a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne France 24. Le rapport des experts de l’ONU qui ont enquêté sur place sur les accusations de massacre à l’arme chimique le 21 août près de Damas est attendu lundi prochain, selon Paris. Leur mandat ne prévoit cependant pas qu’ils désignent les responsables de l’utilisation de ces armes. Tout au long de la journée d’hier, vendredi, le Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, ont multiplié les entretiens, accompagnés ou non de leurs experts en désarmement, pour tenter de trouver un accord sur les modalités d’un démantèlement de l’arsenal chimique syrien. «Nous sommes clairement arrivés à un moment décisif», a souligné à Genève un haut-responsable américain. Les deux parties «ont fait des progrès vers un accord sur l’évaluation du stock d’armes chimiques», a-t-il précisé. Les Etats-Unis estiment à plus de 1 000 tonnes cet arsenal composé entre autres de gaz sarin ou moutarde, soit un chiffre plus élevé que les estimations russes, selon ce responsable. Américains et Russes espèrent aussi que ces pourparlers débouchent sur un accord plus ambitieux visant à mettre un terme à une guerre civile qui déjà fait quelque 110 000 morts depuis deux ans et demi.
R. I./Agences