Rien ne va Plus au sein de la famille des djihadistes, désunis et se livrant une guerre impitoyable.
L’enlèvement par le Front al-Nosra (Al Qaïda Bilad Echam, Aqal), dans la nuit de samedi, du chef du conseil militaire de Deraâ, le capitaine Ahmed Naâmé, venu en sauveur de Jordanie pour tenter de réunifier les brigades rebelles, atteste des divisions qui minent les branches rivales de l’internationale terroriste. Cette expédition punitive, intervenue dans une zone à faible présence de Nosra, bloque toute perspective de réconciliation et, accessoirement, sanctionne le responsable du projet qui a qualifié cette organisation d’extrémiste et validé la gouvernance de la nouvelle Syrie promise à « l’Armée syrienne libre qui est bien organisée et qui croit en la démocratie, aux règles démocratiques et dans un Etat civil ».
La césure est d’autant plus nette que dans la coalition du Front du Sud, regroupant quelque 30.000 combattants issus de 55 brigades, ne figurent ni le Front Al-Nosra d’Abou Mohammed El Joulani ni son frère ennemi de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) d’Abou Bakr El-Baghdadi. En guerre acharnée depuis janvier, les deux camps ont consommé leur divorce à la faveur de l’émancipation de Nosra de la tutelle de son aîné irakien et de son ralliement à Al Qaïda. Mais cette « syrianisation » de Nosra et l’« irakisation » de l’EIIL, désavoué par le chef d’Al Qaïda Zawahiri pour les violences commises contre les civils et appelé à se consacrer sur l’Irak, a laissé des séquelles indélébiles.
Si sa reconnaissance officielle, proclamée en novembre 2013, a alimenté le conflit, la répartition des rôles a amené l’EIIL à voir ses troupes engagées en Syrie rejoindre les rangs d’Al Nosra qui, en pleine ascension, a coupé le cordon ombilical et se refuse désormais de « prendre des ordres d’un groupe marginalisé en Irak avec à sa tête un Irakien qui ne contrôle pas de territoire ». En dépit de l’appel à l’arrêt « immédiat » des hostilités, lancé par Zawahiri, les combats continuent. Comme à Diar Ezzor (Est), qui est déserté par ses 60.000 habitants. C’est tout « bénef » pour Bachar El Assad qui reconquiert localités stratégiques et provinces. A marche mesurée, le Président sortant se prépare au rendez-vous du 3 juin. Il aura à affronter Maher al-Hajjar et Hassan Abdellah al-Nouri, les deux candidats au scrutin présidentiel validés par le Haut-Tribunal constitutionnel.
Larbi Chaabouni