Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires “La santé est un problème politique et non technique”

Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires “La santé est un problème politique et non technique”

Tenir des assises de la santé sans avoir pris en charge les problèmes de fond du secteur ne servira à rien, estime le syndicat. Après une longue absence de la scène médiatique et du terrain de la protestation, le Syndicat national des enseignants- chercheurs hospitalo- universitaires (Snechu) est revenu hier au-devant de l’actualité.

Une actualité marquée ces derniers jours par une forte effervescence dans le secteur en raison, entre autres, de la disparition d’un nouveau-né au CHU de Constantine, la sanction de six employés dont des médecins, la contestation des premiers résultats du concours d’accès à la chefferie de service, l’activité complémentaire, l’approche des assises de la santé et l’accumulation des éternelles lacunes d’un secteur qui n’est pas près de reprendre son souffle.

Justement, le point de presse tenu hier au CHU Mustapha-Pacha par le président du Snechu, en présence des membres du bureau national, apporte des éléments de réponse à bon nombre de dossiers brûlants du département de Boudiaf. C’est l’objet même de la rencontre avec les médias. “Beaucoup de choses ont été dites sur la santé, le syndicat a donc décidé de donner le point de vue des hospitalouniversitaires”, explique d’emblée le professeur Djidjeli. Et d’évoquer en premier lieu la position du Snechu par rapport au prochain rendez-vous du secteur, à savoir les assises de la santé.

Le syndicat ne semble pas très convaincu par la démarche du département de Boudiaf. “Tenir des assises, oui. Mais il faudrait tirer les leçons des précédentes et comprendre pourquoi les documents ayant sanctionné les autres assises se sont entassés dans les tiroirs”, estime le professeur Djidjeli. Et de rappeler que pratiquement tous les ministres qui se sont succédé à la tête du ministère de la Santé ont eu leurs assises ou leurs séminaires et puis, aucune suite. “Pour tenir de nouvelles assises, il faut donner des garanties sur le plus qu’elles peuvent apporter cette fois-ci.

La question est de savoir comment faire pour que ça marche cette fois et pourquoi les séminaires tenus depuis 15 ans n’ont rien donné ?” suggère le conférencier avant de répondre à cette question : “Ça n’a pas marché pour une raison simple : les problèmes de fond n’ont pas été abordés.” Pourtant, ils sont “connus de tous y compris des pouvoirs politiques”. Pour ce professeur, “le système de santé ne peut être défini par les techniciens qui ne peuvent que donner un avis car le système de santé n’est pas un problème technique, mais politique.

C’est un choix politique. Éminemment politique. Il s’agit d’un projet de société” qui se trace selon la cagnotte qui lui est réservée. “Nous ne pouvons donc copier un système de santé étranger qui consacre plus d’argent. Il faut arrêter de dire que l’on peut prendre en charge tous les citoyens et toutes les pathologies.

C’est faux !” Mais en dépit du peu d’enthousiasme et de la contestation de la démarche de la tutelle quant à la tenue des assises, le Snechu compte y participer. Questions : comment cautionner une démarche contestée au préalable ? Position contradictoire ? “C’est pour nous une occasion de faire passer notre message et faire part de notre position”, répond le conférencier. Il ajoutera dans la foulée que la loi sanitaire doit être en conformité avec les problèmes de fond et ne peut se faire avant leur diagnostic et leur résolution.

Non à la suppression de l’activité complémentaire

Précisant que l’Algérie n’a rien inventé en autorisant l’activité complémentaire qui, en France, se fait au sein même des hôpitaux, le professeur Djidjeli s’interroge : comment peut-on supprimer une activité régie par une loi via des instructions verbales ? Il estime que “supprimer cette activité est une mauvaise réponse à un vrai problème, d’autant que nombreux sont les médecins qui activent au noir”. “Il serait préférable, selon le syndicat, d’autoriser cette activité le week-end et les jours fériés, tout en veillant à l’application stricte de la loi même quand c’est une sommité qui la viole.”

La médecine “n’a de gratuit que le nom”

La médecine gratuite est, certes, un motif de “fierté”, mais “faut-il encore continuer à l’appliquer 40 ans après ?” Pour le président du Snechu, il est temps de revoir ce système “tout en mettant en place des mécanismes qui permettraient aux plus démunis d’être pris en charge”. D’autant que, ajoute-t-il, la médecine n’a de gratuit que le nom et 70% des actes médicaux se font chez le privé alors que les ménages ou les assurés sociaux contribuent dans le financement des caisses à hauteur de 40% et alors que la contribution ne doit pas dépasser les 20%. “C’est une injustice qu’il faut réparer tout comme cette médecine à deux vitesses pour la prise en charge à l’étranger.

Une opération qui doit se faire dans la transparence.” Évoquant, enfin, le dernier concours d’accès à la chefferie de service qui a provoqué l’ire de nombreux postulants qui contestent la grille d’évaluation que le syndicat aurait cautionnée, le conférencier notera : “Il faut attendre les résultats et ne pas se prononcer sur le ouïdire. Et puis la grille était connue avant le concours.”

Malika Ben