Sylvain Philip, patron de Détours: “Nous sommes en attente de signaux positifs”

Sylvain Philip, patron de Détours: “Nous sommes en attente de signaux positifs”

Liberté : Que manque-t-il à l’Algérie pour renouer avec le tourisme international ?

Sylvain Philip : L’Algérie a besoin de retrouver ses lettres de noblesse. Énormément de travail reste encore à faire. Il va se passer un temps avant que les touristes étrangers reprennent confiance. La venue en masse des binationaux est éventuellement un atout qui peut aider à relancer l’activité touristique dans le pays.

À quel niveau ce travail doit-il être fait ?

À tous les niveaux. L’État doit promouvoir des politiques touristiques de qualité. Les opérateurs privés ont aussi le devoir d’améliorer leurs offres.

Sans oublier le rôle des compagnies aériennes, qui sont des partenaires importants. Il s’agit, en fait, d’un travail d’ensemble que l’État doit coordonner.

Quel est votre lien personnel avec l’Algérie ?

J’ai une attache de cœur avec ce pays où je suis arrivé en 1980. J’ai d’ailleurs appris mon métier d’agent touristique en Algérie, dans les régions sahariennes notamment où j’avais l’habitude d’organiser des voyages itinérants autour de Tamanrasset, de Djanet, de Ghardaïa, de Timimoun. Ces circuits constituaient 85% de mon activité mais celle-ci s’est arrêtée définitivement en 2010 pour des raisons sécuritaires.

Nous n’avions plus les autorisations nécessaires pour faire venir les touristes dans le Sud algérien. Avant cette date et malgré la menace terroriste des années 90, l’Algérie était une destination prisée.

La situation sécuritaire s’est améliorée globalement, mais vous ne pouvez toujours pas emmener des touristes en Algérie…

Oui. Moi-même, je ne peux pas aller dans le Sud algérien, toujours pour des motifs sécuritaires. Je n’arrive pas encore à avoir les autorisations nécessaires.

Aujourd’hui, je suis comme d’autres opérateurs, en attente de signaux positifs qui nous permettront de reprendre progressivement nos activités touristiques dans le pays. Il faut aussi que les touristes européens soient prêts à y aller. Cela est aussi valable pour la Tunisie et le Maroc.

Comment l’Algérie pourrait-elle se distinguer par rapport à ses voisins ?

Contrairement aux autres pays du Maghreb, l’Algérie était une destination touristique particulière. Elle ne proposait pas un tourisme de masse, du genre Hôtel-Club, mais un tourisme de découverte dont il est plus facile de mobiliser les clients. Les touristes qui optent pour la Tunisie peuvent toujours aller dans d’autres stations balnéaires, à travers le monde, en Turquie ou en Grèce où ils peuvent retrouver les mêmes standards. Ceux qui vont en Algérie, en revanche, sont surtout attirés par cette destination en particulier. Ils aiment le pays et ses habitants, les paysages. Ils sont très au fait de l’actualité. Ils retourneront en Algérie dès qu’ils sauront que les choses se sont améliorées.