Suzanne au pays des merveilles : Zones sensibles

Suzanne au pays des merveilles : Zones sensibles

C’est vrai que la situation est inquiétante au Mali, depuis le 22 mars. Ce n’est pas la bonne période pour aller y faire rouler une balle en cuir, au moment où des balles en cuivre sifflent au-dessus des têtes, des quatre points de corner.

Une ou deux bombes dans le stade, une rafale de kalachnikov en direction du bus des joueurs des deux équipes et le monde du football regrettera à jamais ce match. Non, je ne suis pas folle pour donner un blanc-seing à des gens qui ont pris, de surcroît, le pouvoir par la force. Mais je n’aimerai pas imposer aux Maliens l’idée de cette délocalisation. C’est vite oublier que chez nous aussi, nous avions vécu cette même situation il n’y a pas si longtemps. Rappelez-vous quand les adversaires des Verts hésitaient à venir jouer à Alger dans les années 90, sous prétexte que la sécurité n’y était pas assurée à 100%, à juste titre d’ailleurs. Ça nous faisait quand même très mal d’apprendre que notre adorable Algérie était qualifiée de «zone sensible», à éviter comme un champ de mines abandonné. Aujourd’hui que Dieu nous a accordé Sa Miséricorde, doit-on se comporter de la même façon blessante et arrogante avec nos frères maliens ? Je dis que non, car j’estime que c’est aux Maliens de nous dire exactement où doit se dérouler ce match. Eux non plus ne sont pas fous d’envoyer leurs enfants au cimetière. Faisons-leur donc confiance et respectons-les, comme on aurait aimé être respectés quand les bombes explosaient sous nos pieds. Le Prophète (saw) a dit : «Ne sera croyant parmi vous que celui qui aimera pour son frère ce qu’il aime pour sa propre personne…»