La surveillance du vote, depuis l’ouverture des centres de vote jusqu’à la fin des opérations de dépouillement, est un autre et non moindre défi qui reste à relever pour les partis et les indépendants en compétition.
La campagne électorale a pris fin dimanche dernier. S’ensuit, pour les partis politiques et autres candidats, une période de silence jusqu’au soir du scrutin. Mais ils ne devraient pas chômer pour autant. L’intermède est mis à profit pour définir les modalités de surveillance des opérations de vote et de dépouillement.
Mais les partis et les candidats ne disposent pas des mêmes moyens. De plus, la présence de leurs observateurs au niveau des centres et bureaux de vote est tributaire d’un tirage. Comment comptent-ils s’organiser, tenant compte de ses aléas ?
Le porte-parole et non moins tête de liste au niveau de la wilaya d’Alger du Rassemblement national démocratique (RND), Seddik Chiheb, affirme que son parti “dispose plus que le nombre nécessaire d’observateurs pour contrôler la totalité des bureaux de vote à l’échelle nationale”. Il avance, à titre d’illustration, le chiffre de 15 000 militants du parti à Alger et celui de 300 000 au niveau national. “En matière de troupes, on n’a aucun problème”, dit-il.

Qu’en est-il de la coordination avec les autres partis et candidats ? “La coordination est laissée à l’appréciation de structures locales, notamment où certains partis qui ne peuvent être présents dans tous les bureaux
envisagent toujours l’éventualité de concocter des alliances”, explique-t-il.
Du côté du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), on estime que l’observation électorale doit impliquer, outre le militant, le citoyen de manière générale.
Le parti estime, en effet, qu’en raison du tirage au sort, il ne sera pas présent dans tous les bureaux de vote. Cependant, outre les alliances qui se discutent au niveau local, le parti compte beaucoup plus sur la mobilisation citoyenne, en général, et de ses militants, en particulier, pour la surveillance des élections. “Il est vrai qu’il y aura un tirage au sort et que nous ne serons pas présents dans tous les bureaux de vote, mais là où nous ne serons pas présents, nous allons surveiller le déroulement du vote, et nous comptons beaucoup aussi sur la présence et sur la mobilisation des citoyens et de militants”, indique le secrétaire national à la communication, Athmane Mazouz, candidat tête de liste à Béjaïa.
Le parti a-t-il conclu des alliances avec d’autres partis pour la surveillance du vote ? “Nous ne sommes dans aucune alliance. D’ailleurs, quelles alliances allez-vous faire à l’intérieur d’un bureau de vote ? J’espère que ceux qui seront tirés au sort et qui seront à l’intérieur des centres de vote vont tout faire pour surveiller l’opération”, espère-t-il. Au niveau du Mouvement de la société pour la paix (Msp), le ton est plus tranchant. Le chargé de la communication du parti, Boubdallah Benadjmia, précise d’emblée que les partis ne peuvent couvrir l’ensemble des bureaux de vote qu’à la condition de nouer des alliances avec d’autres partis. “Au niveau du MSP, on pourra être présent dans l’ensemble des bureaux, mais la loi électorale ne nous le permet qu’à hauteur de 30 ou 40%. D’ailleurs, cette question avait fait l’objet d’une revendication de notre part lors de la révision de ladite loi. Nous avons demandé à laisser chaque parti couvrir les bureaux selon ses moyens, selon qu’ils soient grands ou petits.”
Le représentant du MSP et non moins allié du Front du changement ajoute que “cette loi n’arrange que les petits partis qui ne peuvent couvrir tous les bureaux”.
Certains autres partis ont carrément organisé des rencontres de formation au profit de leurs militants sur les modalités de contrôle et de saisine des structures partisanes au niveau de wilaya ou nationales qu’ils ont mis en place.
C’est le cas du Parti des travailleurs (PT). Le secrétaire national chargé de l’information et de la communication, Djelloul Djoudi, a affirmé avoir planché sur la question lors d’une
réunion où il devait apporter les dernières retouches au dispositif à mettre en place. “Nous avons pourvu en militants tous les bureaux qui nous ont été affectés par le tirage au sort, et si aucune alliance n’est envisagée pour le moment, on a mobilisé tous les militants pour qu’ils soient dans les bureaux, non seulement à Alger, mais également à l’échelle nationale”.
Le parti a déposé des listes dans 39 wilayas. Également, le parti a mis en place une équipe pour récupérer les PV des dépouillements.
Le parti Ennahda s’y est également préparé en fonction des moyens du bord, le chargé de communication du mouvement du parti, Mohamed Hadibi, a également mis en exergue les restrictions qu’impose la loi en matière de surveillance du scrutin, qui limite à cinq représentants la présence de partis dans chaque bureau de vote.
Il donne l’exemple de la wilaya de Blida “qui compte 2 000 bureaux. Les 17 listes doivent faire un tirage au sort pour ainsi désigner cinq observateurs pour chaque bureau, et encore, c’est au bonheur la chance, car dans certains bureaux, le tirage au sort peut dégager une liste de partis qui n’ont pas les moyens de désigner des représentants, et c’est là, justement, le problème. Car ces partis ont tendance à vendre leurs places au plus offrant, soit au RND, soit au FLN”.