La polémique sur les prix des produits de large consommation repart de plus belle en ces journées de précampagne de ramadhan pour les grossistes, mais surtout pour les ménages, obligés de composer avec la surchauffe souvent inexpliquée des prix.
Après donc l’épisode de la pomme de terre, qui aura duré quand même trois mois, voici donc venir le temps de la viande rouge, dont les prix dépassent en moyenne le seuil difficile sinon intolérable pour le couffin de la ménagère de 1000 dinars.
Trop c’est trop, esime la Fédération algérienne des consommateurs (FAC), qui a appelé, lundi, à un boycott général sur les viandes rouges, ovine et bovine. Relevant que les prix des viandes rouges oscillent, selon les régions, entre 1400 et 1800 dinars le kilogramme.La FAC dégaine et annonce le lancement d’une compagne de boycott: elle appelle ainsi les consommateurs à s’abstenir d’acheter ce produit, et souhaite dès lors une large adhésion pour exercer une pression sur les commerçants et les pouvoirs publics. Après la guerre de la ‘’patate, la guerre des moutons’’ ?
En fait, selon le président du directoire de la Société de Gestion des Participations de l’Etat Productions Animales (SGP PRODA), M. Kamel Chadi, les chiffres avancés par la FAC sont erronés, infondés.
‘’Les prix des viandes ovines varient entre 900 et 1300 DA et les viandes bovines se situent entre 750 et 1300 DA’’ a t-il affirmé à la radio nationale, hier lundi. Il a souligné que ses services ‘’ ont révélé que le prix au niveau national est à 835 DA le kilogramme pour les viandes bovines et à 1050 DA pour les viandes ovines’’.
A Alger et ses environs, les prix ne tombent cependant pas des 1000 dinars pour la viande ovine et vont en moyenne jusqu’à 1200 dinars pour la viande bovine. Pour les partis nobles, les prix vont jusqu’à 2000 DA/Kg. Le président de la SGP Proda confirme en fait que si les prix chauffent, ce n’est pas du fait du manque de disponibilité du cheptel, mais surtout du fait que les propriétaires mettent peu de bêtes sur le marché de l’abattage.
La bonne saison pluviomérique en est la principale raison, les éleveurs préférant profiter des fourrages en vert et donc ne vendent pas leurs bétails, gardant leurs troupeaux ‘’au frais’’ en attendant la saison de grande demande à l’approche du mois de ramadhan et de l’été. M. Kamel Chadi reconnaît ainsi que l’offre «a régressé quelque peu avec l’approche du mois de ramadhan et de la fête de l’aïd».
En outre, selon M. Chadi, le marché des viandes est détenu, en majorité, soit 95%, par le secteur privé, ce qui complique les opérations de régulation des prix sur le marché national, reconnaît- il. Pour parvenir à une meilleure maitrise du marché, la SGP PRODA compte renforcer l’investissement public dans cette filière avec la construction de grands complexes d’abattage, la réhabilitation des entrepôts et la reconquête de 20% du marché national.
Le privé contrôle le secteur .Pour autant, la SGp Proda va ‘’mettre le paquet’’ selon son président pour intervenir et mieux réguler le marché des viandes. Proda, qui veut être l’intermédiaire entre les producteurs et les consommateurs, aura pour charge la gestion, la régulation et la commercialisation des viandes et des produits agricoles de large consommation.
Cette mesure fait partie d’un programme d’investissement de 21 milliards de DA que compte réaliser Proda durant les quatre années à venir en vue de renforcer son rôle de régulation du marché des viandes, a-t-il précisé, et a annoncé la réalisation de trois complexes d’abattage dans des wilayas des Hauts Plateaux, en marge de la réhabilitation de 21 entrepôts frigorifiques, à l’arrêt depuis plusieurs années et la mise à niveau de 8 fermes d’élevage relevant de trois filiales de Proda sises à Oran, à Alger et à Bejaia. Pour le mois de Ramadhan, il y aura de la viande, et même en quantité, selon M. M.Chadi.
«Nous avons une bonne production en matière de cheptel dépassant les 22 millions de têtes avec une bonne consommation de viande rouge avoisinant les 380.000 tonnes/ an», a-t-il souligné. Il a annoncé en même temps la pousuite des programmes d’importations de viandes ‘’afin de ramener les prix à un niveau acceptable» pendant le mois de ramadhan. ‘’Sur les 380.000 tonnes de consommation, l’importation représente 50.000 tonnes de viande rouge sur un an», a encore affirmé le président de la SGP Proda.
En attendant, la campagne de boycott des viandes rouges lancée par la Fédération des consommateurs est un premier avertissement aux gestionnaires du secteur des viandes, qui brasse un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de millions de dinars, pour qu’ils fassent leur travail, celui de réguler le marché des viandes et, surtout, éviter que la ménagère ne paie les surprofits engrangés par la spéculation.
Yazid Alilat