Surcharge des classes, manque de professeurs et insécurité, Malaise à l’Education nationale

Surcharge des classes, manque de professeurs et insécurité, Malaise à l’Education nationale
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Surcharge des classes, manque flagrant de professeurs notamment de physique, mathématiques et anglais, agressions des enseignants, un état des lieux qui prévaut dans bon nombre d’établissements scolaires du pays et qui renvoie à un effet cocotte-minute risquant d’exploser à tout moment.

Ainsi, deux mois après la rentrée scolaire, professeurs, personnels pédagogiques, parents d’élèves, ainsi que les syndicats du secteur tirent la sonnette d’alarme et dénoncent les lots de problèmes pédagogiques et socioprofessionnels qui touchent le département de l’Education. Au palmarès de ces problèmes, figure celui de la surcharge des classes, particulièrement pour les classes de 1re année secondaire causée essentiellement par l’arrivée de la double cohorte des deux promotions d’élèves, à savoir ceux de 5e année primaire et ceux de l’ex-6ème. Face à l’insuffisance de places pédagogiques, certains lycées transfèrent les classes dans des annexes relevant surtout du cycle primaire. A titre illustratif, pour ne citer qu’un exemple à Alger, la direction du lycée Saïd-Hamdine a dirigé 6 classes, dont 3 de la 1re année secondaire Lettres, et 3 de la 2e année secondaire dans les filières Langues et philosophie, vers la nouvelle annexe de l’école primaire Sidi Yahia 1. Sauf que une fois sur les lieux, les lycéens ont eu la mauvaise surprise de trouver les locaux déjà occupés. Et en guise de solution, le chef d’établissement de ladite école n’a pas trouvé mieux que de proposer aux lycéens de partager l’école primaire mère. Ce qui a suscité le mécontentement tant du personnel enseignant qui ont décidé de boycotter les cours jusqu’à résolution de ce problème, que des lycéens eux-mêmes et à plus forte raison la colère des parents d’élèves qui refusent que leurs chérubins «côtoient des lycéens plus âgés qu’eux». «Le pire, est que les lycéens transférés, n’étant pas accompagnés par un encadrement pédagogique, sont livrés à eux- mêmes», déplorent les parents d’élèves scandalisés. Au final, ce sont pas mois de six classes du secondaire qui n’ont pas encore entamé leur rentrée scolaire, au moment où leurs semblables ont commencé la phase des devoirs surveillés du 1er trimestre.

Le Lycée Said-Hamdine ne semble pas être le seul cas, puisque le même scénario se répète au Lycée Bahia-Hiddour de Gué de Constantine où des lycéens ont été transférés vers l’école primaire se trouvant à proximité, et où la encore des enfants de 6 à 10 ans côtoient des adolescents de 16/17 ans ! Par ailleurs, concernant le phénomène de violence contre les enseignants et autre personnel éducatif, une réalité vécue au quotidien de plus en plus présente dans les écoles, les lycéens fraîchement arrivés au lycée de Birtouta n’ont pas eu classe depuis voilà trois jours. Et pour cause, l’ensemble du personnel enseignant, en signe de soutien envers une collègue agressée par son élève, observe depuis trois jours une grève en guise de protestation contre l’insécurité. A rappeler à ce sujet que dans un communiqué rendu public hier par le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), plus de 1 000 enseignants ont été agressés dans les établissements scolaires depuis le début de cette année scolaire à travers le territoire national. En outre, selon des chiffres de l’Education nationale «6 099 cas de violence à l’égard du personnel enseignant et administratif ont été enregistrés durant l’année scolaire 2009/2010 à travers le territoire national». De plus, au lycée Ali-Madoui de Bordj Bou-Arréridj (ex-Nouveau lycée), pour ne citer que celui-là, outre le manque de professeurs de physique et d’anglais, la vacance de poste pour départ en congé de maladie de longue durée de certains professeurs qui n’ont pas été remplacés, les professeurs ont observé, avant-hier, une journée de débrayage en soutien à leurs confrères grévistes du lycée Abdelhamid-Akrouf (ex-ITE de BBA), depuis le 8 octobre dernier, qui réclament le départ du proviseur en poste. A ce sujet, «face à l’absence totale des autorités du secteur» le Cnapest (Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique) de la wilaya qui s’est réuni avant-hier soir menace de recourir à une grève générale illimitée s’il ne trouve pas d’écho à ses revendications.

Ainsi, cette tension dans des établissements scolaires dénote que le secteur de l’Education nationale est en pleine ébullition. Les parents d’élèves, ne sachant plus à quel saint se vouer ni où donner de la tête, craignent une explosion imminente si la tutelle n’intervient pas dans l’immédiat pour trouver de vraies solutions.

Par Lynda Naili Bourebrab