Sur un bénéfice prévisionnel de 9 milliards, un tiers réalisé par l’APC: Le créneau des panneaux publicitaires en plein processus d’assainissement

Sur un bénéfice prévisionnel de 9 milliards, un tiers réalisé par l’APC: Le créneau des panneaux publicitaires en plein processus d’assainissement

Par Houari Saaïdia.

Sur un bénéfice prévisionnel de 9 milliards, un tiers réalisé par l’APC: Le créneau des panneaux publicitaires en plein processus d’assainissement

La mise aux normes du créneau tend à assainir le paysage des panneaux publicitaires. Le défi est loin d’être relevé pour l’équipe de Boukhatem tant beaucoup reste à faire: l’illicite occupe toujours une bonne place et le chiffre d’affaires réalisé est loin du prévisionnel et encore plus du marché potentiel.

Mais le fait est là: un processus de mise en conformité est engagé. Inévitablement, le dossier «Pub» a fait incursion dans la plénière APC. Ne figurant pourtant pas au menu, le dossier, sous l’intitulé générique de «Panneaux», s’est infiltré dans l’audience, allant jusqu’à supplanter des points inscrits à l’ordre du jour qu’il a fini pas réduire au lot des «divers». Quoi de plus normal que d’intercaler un chapitre qui vaut pas moins de 20 milliards de recettes dans une session 100% financière. Le passage de la délibération concernant la taxe sur les enseignes lumineuses à caractère professionnel à celle relative à la taxe liée aux actes d’urbanisme et les autorisations y afférentes (permis de clôturer, permis de démolir, permis de terrassement, autorisation de voirie…) a servi d’entracte pour faire le point sur le dossier Pub. Boukhatem commence par le côté cour du paysage: les vieux panneaux sauvages qui subsistent envers et contre tout et ceux de très fraîche date. «Qu’attendez-vous pour déplanter les panneaux non autorisés ? Non seulement vous restez inertes devant les anciens panneaux mais vous ne réagissez pas non plus aux cas nouveaux. Eux, ils sont futés et agiles. Ils vous prennent de court. L’acte se fait en deux temps. La nuit, ils mettent en place les supports en béton. La nuit d’après, ils fixent le panneau par des boulons. Il n’en faut pas plus pour vous mettre devant le fait accompli. A ce rythme-là, je crains que nos statues, stèles et monuments soient totalement éclipsés un jour par les écrans publicitaires à l’emporte-pièce», s’insurge le maire Boukhatem devant les directeurs et les délégués des secteurs urbains.

REQUISITOIRE DE BOUKHATEM CONTRE LES SECTEURS URBAINS

Certains d’entre eux tentent de relativiser en faisant état de l’éradication au niveau de leurs arrondissements respectifs de trois à quatre éléments. Jusqu’à preuve du contraire, toute l’Assemblée, président compris, est obligée de les croire sur parole, tant ils ne plaidaient pas sur pièce, c’est-à-dire avec PV et photos à l’appui. Le directeur de la réglementation générale (DRG), Bettaieb Mustapha, est interpellé à la tribune pour donner un point de situation précis. Il fait savoir que la commune a intenté cinq actions en justice pour affichage publicitaire en violation à la réglementation en vigueur (installation de panneaux publicitaires sans autorisation) et a obtenu autant de décisions judiciaires définitives en sa faveur, en vertu desquelles les annonceurs mis en cause devaient enlever sans délai leur matériel, avec le versement de dommages et intérêts à la Trésorerie communale. Précisant que dans le cadre de l’assainissement du créneau, deux séances de travail ont été tenues à cet effet avec la cellule technique rattachée au Cabinet du maire ainsi que les directeurs et les délégués des différentes délégations communales, qui ont été destinataires dans l’intervalle de la liste exhaustive des points autorisés pour l’affichage publicitaire, suivie de sorties sur le terrain à travers les secteurs urbains. Avec comme objectif évident, ajoute-t-il, de recenser les panneaux non autorisés en vue de leur démantèlement.

ENTRE L’ERADICATION SYSTEMATIQUE ET LES ACTIONS EN JUSTICE

En attendant de savoir le montant réel exact perçu au titre des panneaux publicitaires (il est de l’ordre de 3 milliards selon certaines estimations), il importe de rappeler que le BP 2018 de la commune d’Oran table sur 9,7 milliards, soit près de 9% milliards du chiffre global des recettes estimé à 87 milliards, qui consiste principalement en 22 milliards de revenus générés par la voie publique, les terrasses, les kiosques, les toilettes publiques, les parkings, le droit d’accès, les locaux DAE, les kiosques de tramway, la taxe sur le permis de construire, 5,9 milliards comme droits de voirie, DVC et SU (divers plus Seor, Sonelgaz et Algérie Télécom), 2,8 milliards en frais de désinfection du transport et endroits publics, 200 millions pour la location des chaises de la DMMG, 1 milliard pour le droit de garderie de la DAS, 4,3 milliards entre billetterie, location et abonnement de stade, stades-city, hippodrome et salles de sports, 100 millions au titre de l’abonnement bibliothèque, 19,9 milliards entre logements loués par la DRG, décisions de contentieux DRG, centre de CNAS Maraval, agence ANDI El-Hamri, Abattoirs, locaux à usage commercial, entre autres biens immeubles loués à des institutions et autres organismes publics et à usage professionnel.

LE SECTEUR EN VOIE D’ETRE BALISE

En tout état de cause, on peut d’ores et déjà dire que l’APC d’Oran a réussi la mission de mise à jour du dossier «Pub», qui s’apparentait jusqu’à un passé récent à un défi. Les suspicieux -par intérêt ou pas- quant à la capacité de l’équipe de Boukhatem à mener à bout ce chantier sont mis devant le fait accompli: il y a une organisation qui est déjà en place. Qui instaure lentement mais sûrement l’ordre dans le paysage. La procédure de mise en concurrence entreprise fin 2017 s’est soldée par 17 adjudicataires, et non des moindres sur le marché publicitaire national. Jusqu’ici 13 annonceurs ont été contractés par l’APC, dont l’Entreprise nationale de communication, d’édition et de publicité (Anep).

Il faut noter par ailleurs que le document portant cahier de charges fixant les droits et les obligations liés à la mise en adjudication des points d’emplacement destinés à l’affichage publicitaire, élaboré par le biais de la DRG, est à la hauteur des effets d’annonce qui émanaient du Cabinet du maire. Passer du mode «aucune règle» où on implantait des panneaux à tout-va et à tout hasard au circuit professionnel où les règles du jeu, le contrat de service et la charte d’étique sont fixés préalablement, c’est un grand pas. C’est surtout un acte économique très porteur et prometteur, une sacrée affaire au profit de la Trésorerie communale qui se voit ainsi branchée à une grosse machine à sous. La portée de la démarche va bien au-delà de la finance, mais c’est celle-ci qui en est la finalité. La démarche a en effet pour principaux objectifs de mettre en adjudication des points destinés à l’affichage publicitaire, la préservation de l’environnement et du cadre de vie des citoyens, la rentabilisation de l’espace urbain de la commune et la participation des opérateurs économiques agissant dans le domaine de la publicité dans le développement, la modernisation et l’embellissement de la ville.