Sur tous les fronts diplomatiques, Alger fait bouger les lignes

Sur tous les fronts diplomatiques, Alger fait bouger les lignes
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L’approche de la diplomatie algérienne a connu une reconnaissance mondiale NPM: Abdelkader Messahel

La diplomatie, ce n’est pas compter les coups donnés ou reçus, mais c’est l’art de faire avancer des dossiers, quel qu’en soit le contexte. Et dans ce domaine, il faut reconnaître un réel savoir-faire au Président Bouteflika.

Alger redevient la plaque tournante de la diplomatie à l’échelle de la région. Les dossiers malien et libyen, dont elle a la charge et la reconnaissance dont elle bénéficie de la part des grandes puissances étrangères, fait de l’Algérie, l’une des destinations les plus sollicitées. En effet, aucune capitale arabe ou africaine ne reçoit autant de visiteurs de haut rang du monde entier et notamment des pays membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU. Dans le même temps, les déplacements à l’étranger de responsables algériens n’ont jamais été aussi intenses que ces derniers mois.

Ce constat fait par des observateurs de la scène diplomatique internationale traduit le poids et l’importance stratégique acquis par l’Algérie, en raison de l’efficacité de son déploiement à tous les niveaux. Ainsi, la participation de l’Algérie à une session du Conseil de sécurité de l’ONU alors qu’elle n’y siège pas, illustre l’intérêt que porte l’ONU à l’avis de l’Algérie. La session en question, axée sur le problème libyen et qui s’est déroulée mercredi dernier, a conclu à la nécessité de privilégier la solution politique au conflit fratricide dans ce pays. Une victoire remarquable de l’Algérie qui défend cette thèse devant la vision «guerrière» portée par l’Egypte et l’Italie.

Plus que la question libyenne à proprement parler, l’approche de la diplomatie algérienne a connu une reconnaissance mondiale. Et pour cause, la conférence organisée par les Etats-Unis d’Amérique portant sur l’extrémisme violent, épouse parfaitement le discours de l’Algérie sur la question. Le président américain qui a convoqué cette conférence au lendemain de l’attaque contre Charlie Hebdo a mis en avant l’impérieuse nécessité de trouver des solutions autres que militaires à l’extrémisme violent. Ainsi, la médication est à chercher dans l’éducation, l’emploi et autres mesures sociales, à même de barrer la route aux pensées violentes qui peuvent trouver un terreau fertile dans les milieux «oubliés» par les pouvoirs publics.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, qui a pris part à la conférence en a appelé aux Etats pour faire face aux «nouvelles générations de terroristes transnationaux, en allant à la racine et chercher les motivations». Lesquelles motivations sont à chercher dans «l’oppression, la corruption et l’injustice», soulignant que «la bonne gouvernance tue le terrorisme».

Cela étant, même si cette conférence n’a fait qu’effleurer la question, les participants n’ayant pas réussi à briser le tabou de l’impérialisme sauvage qui nourrit la violence extrémiste, il reste que le constat général renforce la conviction algérienne, à savoir que les conflits ne se règlent jamais à coups de canon.

Abdelkader Messahel qui a représenté l’Algérie à cette conférence a proposé d’accueillir un atelier sur la déradicalisation. L’idée étant de capitaliser les résultats de cette conférence et mettre en place une réelle stratégie mondiale, visant à donner un sens concret à une démarche qui mette la politique au-dessus des considérations militaires. Les Occidentaux qui semblent avoir compris que le «loup est désormais dans leur bergerie», consentent à accorder du crédit à la thèse algérienne.

Une thèse qu’ils défendent bec et ongles, sur le dossier malien qui, faut-il le rappeler, a connu une issue très favorable avec la signature, ce jeudi de la Déclaration d’Alger. Un accord qui démontre la grande efficacité de la diplomatie algérienne qui gagne en respect et dont on attend beaucoup dans la question libyenne. Et pour cause, la réaction quasi unanime des dirigeants des grandes puissances sur la nécessité d’encourager le dialogue inter-libyen tel que préconisé par Alger, vaut carte blanche de la communauté internationale, dont les représentants les plus en vue ont dépêché leurs représentants à Alger, à l’image du secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères et autres messages de chefs occidentaux d’Etat apportant leur soutien à la démarche algérienne.

La grande prestance reconnue à l’Algérie dans sa région géostratégique, et notamment le fait de ne lui dicter aucune démarche importée de l’extérieur, confère à sa diplomatie une puissance de frappe qui, faut-il le souligner, impose le respect de ses pairs. Aussi, l’offensive «économico-diplomatique», initiée par le président de la République sur la question des prix des hydrocarbures constitue-t-elle, une autre dimension de l’efficacité avérée de la force de frappe de l’Algérie.

Dépêchés dans plusieurs capitales du monde, le Premier ministre et le ministre de l’Energie sont porteurs d’un message pragmatique aux pays producteurs de l’or noir. Tous les pays ciblés par le déploiement algérien jusqu’à ce jour (l’Arabie saoudite, le Sultanat d’Oman, l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Mexique, la Russie, le Nigeria, le Gabon, l’Angola, le Congo et la Guinée équatoriale), respectent au plus haut point l’Algérie et ses positions. L’objectif des responsables algériens est de casser la barrière Opep-hors Opep. Sellal et Yousfi sont missionnés pour créer une nouvelle dynamique pour remplacer celle de l’Opep qui a perdu sa raison d’être. Il existe une communauté de pays producteurs d’hydrocarbures et il s’agit de trouver le dénominateur commun qui amènerait tous ces pays à défendre leurs intérêts et partant, leurs peuples. Pour Youcef Yousfi qui s’adressait au ministre russe des Affaires étrangères, «l’initiative du Président Bouteflika, basée sur le dialogue et la concertation entre tous les pays concernés, vise à trouver les voies et moyens nécessaires au rétablissement de l’équilibre du marché dans l’intérêt de toutes les parties prenantes, et de dégager une vision d’avenir claire pour l’industrie pétrolière et gazière».

L’on ne peut pas présager du succès ou pas de l’offensive algérienne dans le dossier des prix du pétrole, mais il est clair que l’initiative en elle-même, constitue une avancée certaine qui, tôt ou tard, sera rentabilisée. L’Algérie a semé une graine, comme elle l’a fait sur nombre d’autres questions. En un mot, la diplomatie, ce n’est pas compter les coups donnés ou reçus, mais, c’est l’art de faire avancer des dossiers, quel qu’en soit le contexte. Et dans ce domaine, il faut reconnaître un certain savoir-faire à l’Algérie.