Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, M. Daho Ould Kablia, a mis de nouveau en garde contre les conséquences d’une intervention militaire dans le nord du Mali.
«Vouloir reconstituer l’unité du territoire malien par la force est une aventure qui ne pourra jamais réussir, car il s’agit d’engager une confrontation militaire qui risque d’exacerber les tensions dans toute la région», a indiqué hier M. Ould Kablia sur les ondes de la chaîne III de la Radio algérienne.
Rappelant que l’Algérie avait fait connaître son point de vue à plusieurs reprises et dans différents forums, le ministre de l’Intérieur a plaidé pour une «solution pacifique» à la crise dans ce pays. «Il faut un traitement politique qui consiste à amener les gens du nord qu’ils soient du Mouvement national de libération de l’Azawad (Mnla) ou d’Ansar Eddine, à négocier librement avec les autorités centrales de Bamako pour aboutir à une solution permettant la réunification de ce pays», a-t-il souligné.
«Après quoi, la guerre contre les groupes terroristes et les narcotrafiquants, qui est indispensable pour expurger cette zone de toute cette menace, n’en sera que beaucoup plus facile», a-t-il affirmé. Mettant en exergue le rôle de l’Algérie dans le règlement de ce conflit, M. Ould Kablia a fait observer que «ce n’est pas par hasard que le Mnla et Ansar Eddine ont accepté de négocier avec les autorités de Bamako».
En effet, le Mnla avait lancé un appel à Alger, le lendemain de la décision des dirigeants de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de l’envoi au Mali d’une force de 3 300 soldats pour reprendre le contrôle du nord.
Tout en rappelant son opposition «aux adeptes d’une intervention militaire» dans le nord du Mali et en demandant à la France de «renoncer à son attitude va-t-en guerre», le coordinateur de l’action diplomatique du Mnla, Mossa Ag Attaher, avait indiqué dans un entretien paru sur les colonnes d’un confrère, qu’une intervention militaire au nord du M a l i «provoquera un chaos (…)
Elle ajoutera de l’huile sur le feu au Sahel et embrasera toute la région». Il avait ensuite salué le rôle de l’Algérie dans la gestion du conflit en précisant «l’Algérie est incontournable» dans la résolution de ce problème de l’unité territoriale. «Nous souhaitons établir de bonnes relations avec l’Algérie, et nous aimerions qu’elle use de toute son influence pour trouver une solution dans la région», a-t-il dit.
Les touareg du Mnla qui avaient assuré avoir la capacité de «chasser les terroristes» eux-mêmes, ont lancé vendredi dernier une offensive contre le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Al Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) qui occupent la ville de Gao. Selon des sources citées par l’AFP, les combats ont fait des dizaines de morts.
Dans plusieurs communiqués diffusés depuis vendredi, le Mnla a donné un bilan global de 65 morts et de plus d’une centaine de blessés dans les rangs du Mujao et d’Aqmi, et d’une victime et treize blessés dans les siens. De son côté, le porte-parole du Mujao Abu Walid Sahraoui, a affirmé que son mouvement avait «tué plus de cent éléments du Mnla» et fait vingt prisonniers.
H.Y.