Salah Goudjil s’est réuni dimanche dernier avec les membres du bureau national du Mouvement de redressement du FLN pour prendre une position officielle par rapport à la réunion prochaine avec la direction du parti majoritaire ordonnée par Abdelaziz Bouteflika.
«Nous avons chargé Salah Goudjil de transmettre à Abdelaziz Belkhadem nos conditions pour cette rencontre au somment», nous dira le porte-parole des redresseurs, l’ancien ministre du Tourisme, Mohamed Seghir Kara. «D’abord, nous voulons associer à cette rencontre une troisième partie, composée de personnalités nationales du parti. Ces sages, dont nous allons convenir d’un commun accord, seront les témoins et les garants d’un accord écrit qui engagera les deux délégations. Ensuite, nous, nous ne limitons pas l’ordre du jour aux seules listes électorales. Il s’agit aussi, pour nous, de discuter sur l’avenir du parti après les législatives, notamment tous les problèmes que nous avons soulevés depuis la création du mouvement comme l’assainissement du comité central, etc. Aussi, rien ne se fera sans consulter notre base. Bien évidemment, nous attendons les réponses ainsi que les propositions de l’autre partie.» Quoi qu’il en soit, l’on peut dire d’ores et déjà que la division au FLN appartient au passé. Du moins telle qu’elle a existé depuis octobre 2010 avec le lancement du Mouvement de redressement. Car il s’agit bien là d’une injonction de Bouteflika en personne. A quatre reprises, il a interpellé Belkhadem sur la question. D’abord en décembre dernier en marge d’un Conseil des ministres. Puis, de manière plus insistante, le 4 janvier dernier lors de la fameuse réunion que Bouteflika avait présidée avec les principaux responsables des institutions politiques et militaires du pays. De manière ferme, Bouteflika enjoignait ce jour-là à Belkhadem et à Ziari «d’en finir» avec cette histoire. «Il faut rencontrer Goudjil et régler définitivement le problème», aurait ordonné Bouteflika, selon une source très bien informée. Bouteflika reviendra à la charge lors de la dernière réunion du Conseil des ministres avant d’interpeller encore une fois sèchement Belkhadem et Ziari au salon d’honneur de l’aéroport d’Alger le jour de la visite du président tunisien, Moncef Marzouki. «Vous êtes tenus de me régler ce problème et le plus tôt possible» ! Bouteflika, qui est également président du FLN, ordonne ainsi à Belkhadem de contacter Salah Goudjil pour procéder à l’élaboration de listes communes pour les prochaines législatives. Les premiers contacts auront ainsi lieu au bureau du ministre de l’Enseignement supérieur et membre du bureau politique du parti, Rachid Harraoubia. Goudjil y rencontrait également Tayeb Louh, le ministre du Travail. Un contact qui n’a pas été «apprécié» par les autres dirigeants du Mouvement de redressement qui «exigeront» de Goudjil de n’avoir comme interlocuteur que Belkhadem en personne. Pas moins. Ce qui se fera d’ailleurs quelques jours plus tard. La perspective catastrophique pour le parti de voir les redresseurs confectionner leurs propres listes électorales a fini donc par faire réagir Bouteflika pour la première fois depuis l’éclatement de la crise, fin 2010. Le pouvoir, dont la préoccupation prioritaire en ce moment est d’empêcher les islamistes de remporter les prochaines législatives, intervient ainsi lourdement pour lancer son plus grand parti «dans les meilleures conditions».
K. A.
