Fort préoccupé par le faible nombre des inscriptions des électeurs, le président de Nidaa Tounès, Béji Caïd Essebsi, a appelé à l’ajournement, pur et simple, des élections législatives pour l’année prochaine.
Venant du leader d’un parti qui n’a jamais cessé de rappeler aux députés que leur légitimité avait pris fin le 23 octobre 2012, cet appel étonne plus d’un, d’autant plus que Nidaa Tounès caracole en tête des sondages, aussi bien pour les législatives que pour la présidentielle avec une avance confortable sur son rival islamiste Ennahda. Béji Caïd Essebsi, qui donnait une conférence de presse, a affirmé qu’en raison du faible taux des inscriptions, on assistera, sans doute, au même scénario des législatives de 2011 avec, à la clé, une nouvelle victoire du parti islamiste et, donc, un retour à la case départ.
Mieux ou pire que ça, le président de Nidaa Tounès s’élève déjà contre une éventuelle victoire du parti islamiste. Une telle victoire signifie que les “élections n’auront aucune crédibilité”, a-t-il martelé. Pour les observateurs, la déclaration de M. Essebsi trahit les appréhensions, sinon le désarroi d’un parti qui, malgré les sondages favorables, ne ressent pas moins une certaine crainte de perdre les élections face au parti islamiste auquel sont reconnues la bonne organisation et la discipline de son électorat. Les inquiétudes de M. Essebsi se justifieraient par les dissensions inavouées que connaît son propre parti et, surtout, par la lenteur des inscriptions et l’absence d’enthousiasme des citoyens.
En fait, sur les quatre millions de personnes à inscrire sur les listes des électeurs, les bureaux de l’Isie (Instance supérieure indépendante des élections) n’ont pas connu une grande affluence et n’ont reçu la visite que de 70 000 éventuels votants en deux semaines, selon le président de cette instance. Aussi, pour soutenir cette dernière, la société civile a décidé d’intervenir pour organiser, dimanche prochain, une journée baptisée “journée de l’électeur” dans le but de pousser le maximum de citoyens, en particulier les jeunes, à s’inscrire pour avoir leur mot à dire dans l’avenir du pays.
D’autant plus que la clôture est prévue pour le 23 juillet, délai qui, de toute évidence, ne permettra pas d’atteindre l’objectif assigné par les responsables de l’Isie pour organiser des élections aux “normes internationales”. Toujours dans le contexte des élections, le parti islamiste, qui tient à sa proposition de candidat consensuel à la présidence de la République, se penche, actuellement, sur l’examen des réactions des autres partis politiques, dont les plus représentatifs ont répondu par la négative. En effet, à l’issue d’une réunion, mardi, du conseil exécutif du parti, le porte-parole du parti Ennahda a expliqué que l’adoption de la proposition d’un candidat consensuel n’exclut pas l’organisation de l’élection comme le soutiennent les détracteurs du parti islamiste.
Autre sujet d’actualité qui préoccupe la société tunisienne, la loi de finances complémentaire. Le projet soumis à l’Assemblée nationale constituante (ANC) ne sera pas adopté de sitôt, comme l’indiquent les divergences qui séparent, déjà, les députés sur la méthodologie et surtout sur le contenu. Des jours difficiles attendent encore la classe politique tunisienne, et l’été s’annonce chaud, voire très chaud…
M K