La venue du président français en Algérie, prévue début décembre, selon Nicole Bricq en visite d’État à Alger, les 24 et 25 septembre derniers, intervient dans un contexte international tendu, notamment la crise malienne face à laquelle Paris et Alger sont diamétralement opposées.
Selon les informations rapportées par le journal français, Le Parisien, la ministre française du Commerce extérieur, Nicole Bricq, en visite d’Etat à Alger les 24 et 25 septembre derniers, a déclaré que le président François Hollande devrait « normalement venir début décembre » en Algérie. Dans la perspective de cette visite, les déplacements de ministres français en Algérie se sont multipliés au cours de ces trois derniers mois. Après le chef de la diplomatie Laurent Fabius, le 16 juillet, et la ministre de la Francophonie Yamina Benguigui, début septembre, leur homologue de l’Intérieur, Manuel Valls est attendu début octobre. Et une visite du ministre de l’Education Vincent Peillon est également prévue.
Ces visites interviennent dans le contexte du 50 ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, une commémoration qui court tout le long de l’année 2013. Les relations entre les deux pays, en dents de scies sur le contentieux historique, risquent de s’aggraver davantage avec la crise malienne qui vient de connaître un tournant décisif et dans laquelle la France joue un rôle moteur dans le choix d’une intervention armée au Nord-Mali pour libérer la région d’Al Qaïda au Maghreb islamique. La position algérienne reste campée dans la recherche d’une « solution politique négociée » par la voie diplomatique.
Lors de la visite à Alger du ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius, avant le remaniement du gouvernement Ouyahia, le contentieux historique ne semblait pas aussi pesant entre les deux pays que ne l’a été la question de la lutte antiterroriste et l’évolution de la situation au Nord-Mali. Laurent Fabius avait insisté alors auprès de son homologue algérien, Mourad Medelci, sur le danger que représente Al Qaïda dans la région subsaharrienne, au Maghreb et en Afrique d’une manière générale et qu’il n’y avait pas d’autres solutions qu’une action armée coordonnée africaine pour venir à bout des groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique. Dans son discours à la Nation, à l’occasion de la fête du 14 juillet, deux jours avant la venue de son ministre des Affaires étrangères à Alger, François Hollande a affirmé la détermination de la France à aider Bamako à libérer le Nord-Mali d’Al Qaïda au Maghreb islamique à la seule condition que l’initiative d’une offensive armée soit africaine. Il a réitéré cette position de principe lors de son discours devant l’instance onusienne ce mercredi malgré les menaces d’Al Qaïda de tuer les quatre otages français qu’elle détient depuis deux ans dans la région du Sahel.
La position d’Abdelaziz Bouteflika est diamétralement opposée, avec en sus, son exigence de « repentance » formulée à la France sur son passé colonial. La recherche d’une « solution politique négociée » par la voie de la diplomatie est le crédo d’Alger qui l’a réitéré, par la voix d’Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines à l’Onu, ce mercredi. Ainsi les tentatives de la France de dissuader Alger de l’option du dialogue avec Al Qaïda restent pour le moment lettres mortes.
Dans cette guerre de positions, les relations entre la France et l’Algérie s’avèrent loin de se réchauffer sur les questions de stratégies internationales liées à la lutte aniterroriste. Et pas seulement. La ministre du commerce extérieure, Nicole Bricq, lors de son séjour à Alger les 24 et 25 septembre dernier, avait déploré la perte de plusieurs marchés avec Alger, son quatrième partenaire mondial, lui préférant des marchés juteux et non dénués d’idéologie islamiste avec les pays émiratis dans lesquels Bouteflika compte des « amis intimes » après avoir été leur conseiller en matière énergétique dans les années 1980.
Ainsi, la visite de Françaois Hollande mettra encore une fois sur la défensive les autorités algériennes qui ressortiront le contentieux historique pour éviter la question lancinante de la lutte antiterroriste qui, désormais, prend d’autres réalités, dans la nouvelle géopolitique africaine.
Rappelons que la récente visite de Navi Pillay, Haut-commissaire aux Nations unies pour les droits de l’homme, a suscité le corroux d’Alger par sa demande d’une mission d’experts à Alger, urgente et sans conditions, pour ouvrir le dossier des disparus que les autorités algériennes comme « définitivement fermé« .
R.N